L'un de droite et l'autre de gauche mais cela n'a pas empêché ces deux Corréziens d'avoir des rapports privilégiés avec l'Algérie. Exception faite pour De Gaulle, de tous les chefs d'Etat qui se sont succédé à la tête de la République française, deux présidents, tous les deux issus de Corrèze, ont tenté l'épopée du dépassement des déchirements qui marquent l'histoire commune entre l'Algérie et la France. Il s'agit de l'ancien président Jacques Chirac, et de l'actuel, François Hollande. Le premier était de droite et le second de gauche. Ils croisaient le fer pendant 30 ans à chaque joute électorale. Tout les séparait. Ils ont en commun un goût du contact et un sens du terrain d'où cette empathie, mais ce n'est qu'un détail. Cependant ce qui transcende leur appartenance idéologique, c'est cette approche qu'il ont de l'Histoire. Contre vents et marées, l'ancien président Jacques Chirac, soutenu par son homologue Abdelaziz Bouteflika, avait lancé le projet de Traité d'amitié et de paix en 2003. Une démarche qui a suscité une très grande adhésion de l'Algérie. Les deux visites effectuées en 2002 et en 2004 par M.Chirac à Alger, et l'exceptionnel accueil qui lui a été réservé prédestinait un avenir radieux aux relations entre les deux pays. Mais c'était compter sans le lobby français hostile à la normalisation des rapports entre les deux pays. Le 23 février 2005, ce même lobby opère un coup de force et fait adopter à l'Assemblée française une loi dont l'article 4, évoquait le «rôle positif de la présence française outre-mer, notamment en Afrique du Nord». Un tollé a été soulevé à Alger. En dépit de l'abrogation de cet article, le 16 février 2006, la course a été stoppée. Un an plus tard arrive le président Nicolas Sarkozy et le traité a été définitivement remis au placard. Les cinq années de la présidence de Sarkozy n'ont pas été une bonne expérience pour les rapports entre les deux pays. Du fait de nombreuses divergences, le quinquennat de M.Sarkozy a été marqué par la résurgence des dossiers qui fâchent et par l'éclatement de crises cycliques. Il a fallu attendre l'année 2012, qui a vu l'élection du président socialiste François Hollande, pour voir une lueur dans le tunnel où se sont engouffrées les relations algéro-françaises. Déjà, avant son élection, M.Hollande avait multiplié les gestes d'apaisement envers le partenaire algérien. Pour marquer cet engagement, François Hollande, qui venait d'être élu au second tour de la primaire, a rendu hommage aux Algériens morts lors de la manifestation du 17 Octobre 1960, en déposant une gerbe de fleurs, lundi 17 octobre dernier, au pont de Clichy, où des Algériens furent jetés à la Seine, il y a cinquante ans, par des policiers. Il venait de démontrer, par ce geste, que la tendance qui poussait à influer négativement sur le destin des rapports entre les deux pays est minoritaire. Il venait de faire la preuve qu'il existe entre les deux pays, un espace humain de résistance commun à toutes les turbulences. Le dernier geste en date a été le message que M.Hollande a adressé à son homologue le Président Bouteflika. M.Hollande a considéré dans son message que «la France considère qu'il y a place désormais pour un regard lucide et responsable sur son passé colonial si douloureux et en même temps un élan confiant vers l'avenir». «Notre longue histoire commune a tissé entre la France et l'Algérie des liens d'une densité exceptionnelle. Nous devons aller ensemble au-delà pour construire ce partenariat que vous appelez de vos voeux». Le même engagement, la même ferveur que l'ancien président Chirac. Décidement, les Corréziens réussissent bien à l'Algérie.