Le président du MRN, Abdallah Djaballah, est contre toute idée de report de la prochaine élection présidentielle. C'est ce qu'il a affirmé à l'occasion d'un entretien qu'il a accordé au journal londonien Al Hayat. Le leader islamiste justifie sa position par l'urgence d'«apporter une médication à une personne malade». En effet, considérant l'Algérie comme souffrante du pouvoir en place, Djaballah a déclaré ne pas voir l'utilité d'un renvoi à une date ultérieure de la consultation électorale prévue au terme du premier trimestre de l'année prochaine. Considérant que son parti est la première force politique du pays, le n°1 du MRN, met en garde l'administration contre une manipulation du scrutin et brandit, pour ce faire, la menace du retrait de tous les candidats comme en 1999. Il exige, à ce propos, le départ des ministres de l'Intérieur et de la Justice. Interrogé sur la fameuse phrase du général Lamari qui a déclaré que l'armée le reconnaîtrait s'il venait à être élu à la présidence de la République, le leader du MRN a estimé que «cette déclaration était destinée aux éradicateurs». Pour Djaballah, le positionnement de l'ANP témoigne du fait que «l'armée a retenu la leçon des expériences passées et ne veut plus être au service d'aucun cercle partisan, mais à celui de la sauvegarde des intérêts de la nation». Questionné sur son intention de se présenter à la candidature à la présidence de la République, Djaballah a répondu que pareille éventualité n'est pas encore à l'ordre du jour en ce qui le concerne. Pourtant, l'homme n'a pas cessé d'annoncer la couleur depuis plusieurs mois. Les intentions de Djaballah sont en effet claires comme de l'eau de roche. Pour preuve, il se plaît à se considérer comme la personnalité islamiste la plus proche du «podium présidentiel». Il a d'ailleurs fait cette déclaration à l'évocation du nom de Ahmed Taleb Ibrahimi, considéré comme le véritable challenger au chef de l'Etat en exercice. Faisant sans doute allusion à la fameuse lettre des six exigeant la libération de Abassi et de Benhadj, le leader islamiste dira que personne «ne peut se prévaloir de cette libération, intervenue après 12 ans de détention. Ceux qui veulent tromper l'électorat islamiste en entretenant la confusion, ne réussiront pas.» L'allusion à Ahmed Taleb Ibrahimi est à peine voilée. C'est la seconde fois que Djaballah s'en prend au président de Wafa.