C'est en 2006 que les faits avaient commencé au niveau de l'arsenal de la police Seize accusés d'association de malfaiteurs, commercialisation d'armes à feu sont débout à la barre. Le procès des fonctionnaires de la Dgsn, accusés d'associations de malfaiteurs, de commercialisation d'armes à feu, propriété de l'Etat, de laisser-aller, négligence dans l'exercice de leurs fonctions, s'est déroulé hier à la cour d'Alger sous la présidence de Brahim Kherabi. Une quinzaine d'avocats assistaient les détenus (cinq) et un détenu (une dizaine). Un à un, les accusés passèrent à la barre pour répondre au millier de questions du tribunal criminel. Debout et très gêné, Maâmar Fliti, le premier, sera appelé à seize heures quarante cinq. Le tir nourri du feu des lois allait gêner le détenu qui tentera de maîtriser ses nerfs qui connaissent de gros dégâts à la suite de la longue détention préventive.. C'est en 2006 que les faits avaient commencé au niveau de l'arsenal de la police. Un véritable trafic avait été mis en place par la faute de la pagaille qui régnait alors au sein de cette honorable institution. Question lancinante Les armes individuelles n'étaient pas répertoriées. Un PA sortait n'était remis par un agent, n'avait aucun numéro d'immatriculation. Le juge veut rabaisser les faits à la hauteur des fait, bas en eux-mêmes. Il articule: «Vous aviez la responsabilité de surveiller la circulation des armes à feu. Qu'aviez-vous fait pour éviter les coups bas?». Le détenu saute à la passation de consignes, lors du départ en congé pour se disculper. Et en voulant trop bien répondre, il s'esquive, car il sait qu'il a derrière lui d'autres accusés qui ont des choses à dire à Khebabi-Djafar Belzoug et Nacira Zaboune. La question lancinante qui restera en suspens, c'est le sort des armes «vendues» et qui sont toujours dans la nature, seraient-elles entre les mains de terroristes? où de simples petits trafiquants qui servent les intérêts de bandits? Mohamed Kessar, le procureur général, pose bien quatre questions relatives à la première opération de vol d'un PA. L'accusé sait que l'arme a été cédée à trois millions de centimes. Le prix d'un fusil de chasse? Il l'ignore. Un chose est certaine, l'instruction a été réussie et tout avait été déballé. Entre policiers, on se connaît et on sait discuter, ne pas perdre son temps. Tout était allé vite. Le côté curieux de ce dossier, c'est cette histoire d'enquête de moralité de certains accusés qui a donné un comportement exemplaire sauf qu'ils étaient des fans de Bacchus Entre-temps, Kherabi, le président veut connaître le prix des deux «Beretta». «Alors, c'est quatre millions de centimes l'un? Non, deux, monsieur le président», répond l'accusé qui est alors sommé de renseigner le tribunal criminel sur les acquéreurs de ces armes volées. Il dit l'ignorer et le juge de reprendre la balle au vol. «La vente d'armes est comme la drogue. On connaît toujours l'acheteur!» L'accusé reste muet, il a même peur de trop en dire, mais il sait que toutes les armes volées ont été récupérées et il a dû penser au plus profond de ses tripes, que c'était plutôt bon signe pour la suite, même si les enquêteurs avaient le droit que d'autres armes volées ailleurs demeuraient en circulation. Maître Bounineche et Maître Ghorid mettent leur grain de sel en posant de bonnes questions au magasinier. Maître Hadira Khenouf, elle, préfère attendre les plaidoiries alors que Maître Djaïnet Fadil, victime d'une sciatique peine à se déplacer. Le premier accusé n'ayant plus rien à ajouter, le trio de juges et les deux jurés allaient entendre le très jeune Toufik Yahi, le deuxième détenu qui va se montrer très coopératif. Il est jeune et plus jeune que nos lecteurs ne peuvent l'imaginer. Rapidement, la lassitude allait se deviner sur les mines des cinq membres du tribunal criminel qu voulaient visiblement en savoir plus. Mais l'accusé ne veut pas confirmer qu'à chaque opération de vol d'une arme, il prenait sa part et tournait. «Vous exercez où?» demande le président. «A Hydra» répond sans ton. Il enfonce le clou! «Que faisiez-vous alors loin de Hydra au magasin, à l'arsenal? Vous étiez le personnage central des trente et une armes à feu volées et revendues», tonne Kherabi qui sent que l'accusé allait tout cracher. Il enfonce le clou! «Vous n'aviez pas un seul client mais trois ou quatre! Khelfallah Mohamed et Sofiane ont acheté chez vous les armes, c'était bien même comme plan», ajoute la magistrat et comme pour se tirer d'affaire, l'accusé donne alors Benamar et le prix qu'il a encaissé: quatre millions de centimes. Maître Bounineche va réussir à travers une remarque au juge et au tribunal criminel, à mettre Kherabi dans tous ses états. Il éclate: «Il fallait laisser votre remarque pour la plaidoirie et puis...le magistrat sent que la colère l'a envahi, il se lève, suivi de toute la composition et le procureur général. Ne reste que Omar Sedouki, l'excellent greffier qui domine largement le sujet tant il est accroché à son métier. La tempête passée, et donc la colère partie, Brahim Kherabi revient. Il peut poursuivre Sofiane ben Mehieddine qui est le troisième détenu à être entendu. Il parle avec force, avec les mains, le corps et sa voix porte. Maître Khenouf intervient pour la première fois auprès du tribunal criminel. Elle pose une brûlante question dont la réponse peut être utile à son client. Elle devra donc attendre l'issue de l'audience pour savoir si son «coup» a porté ou non. Maître Shahrazad Fissah refuse, elle, de dévoiler ses cartes. Elle est sagement assise, suit les débats en prenant des notes de temps à autre. Sofiane, l'acheteur de trois armes à feu, se défend comme il peut. Il cherche comme à mettre en avant qu'il ignorait la provenance de ces armes: «Je croyais que c'était un lot d'armes saisies. J'ai une carrière et des gardiens que je voulais armer...», dit-il pour sa défense. Karim Benkhelfallah est lui aussi poursuivi pour l'achat d'armes à feu volées. Trapu, tenant bien sur ses jambes solides, il s'exprime poliment et ne cherche pas à commenter. Il répond: «Je ne savais pas» lorsqu'il n'a pas de réponse précise. Son malheur est qu'il réside à El Biar et que les armes ont été découvertes à Azeffoun... Il est embarrassé pour expliquer ce paradoxe que Kherabi sort sous le nez de l'accusé très à l'aise. Nacer Younsi est le cinquième accusé à être entendu. Il va farouchement nier. «On n'a jamais rien trouvé sur moi ou chez moi. Je n'ai jamais eu entre les mains une arme à feu volée à revendre!» dira-t-il calmement. «Si, si, vous avez acheté des armes!» tranche le juge. Younsi s'accroche: «Non, non et non!» Les détenus sont alors assis l'un à côté de l'autre. C'est au tour des non-détenus à être invités à tout déballer. Et comme le veut la tradition, un non-détenu ne peut apprendre au tribunal criminel pas plus que ne le fait un détenu. Et ceux que Kherabi va entendre avec beaucoup d'apaisement ne diront pas plus que ce qu'ils ont craché chez le juge d'instruction. Et le juge d'instruction a eu le plaisir d'apprendre que les services de police avaient eu vent qu'un Beretta avait été volé du magasin d'armes à feu, situé au deuxième sous-sol du Central (Sûreté de la wilaya d'Alger). A partir de là, l'enquête se déclenche et le magasinier Friti, un gars de Hadjout, avec le grade d'enquêteur de la police judiciaire, on était arrivé à seize accusés d'association de malfaiteurs, commercialisation d'armes à feu, laisser-aller flagrant dans la surveillance ayant mené au détournement de biens publics, faits prévus et punis par les articles 176, 177, 119 bis du Code pénal et l'article 29 de la loi 09-06 et les articles 77, 28 de l'ordonnance 06/97. Et à 14h25, le juge, qui étouffait sous l'humidité et la chaleur faute de climatisation, ordonne une pause-déjeuner. La reprise est prévue pour 15h30 et les débats se poursuivront tard.