Le coup de gueule judiciaire concerne Bouteflika, Ouyahia, Zerhouni, les 48 walis ainsi que les 21 membres du bureau du comité de redressement. L'information nous a été communiquée hier par Abdelhamid Si-Afif, chargé des finances et de la préparation du congrès au niveau du comité de redressement. La plainte, qui porte sur «l'usurpation de personnalité», concerne les dirigeants du mouvement, y compris le président Bouteflika, ainsi que ceux qui s'en sont rendu complices, pour reprendre les termes des dirigeants du FLN légal, à savoir les 48 walis, Ouyahia et Zerhouni, qui ont fermé les yeux sur les dépassements commis par les «redresseurs» contre des sièges de mouhafadhas, mais aussi sur les activités politiques de ce «FLN-bis» sous le couvert de sept associations. Même la conférence de presse de Belkhadem au Centre international de presse avait été «couverte» par Khat Novembre, dont les dirigeants, si tant est qu'ils existent, n'étaient même pas présents dans la salle. Le ministre de l'Intérieur, en dépit des preuves et détails que lui avait présentés le député Mourad Boutadjine, avait indiqué ne rien savoir de cela, alors que ses services ont filmé et fait des rapports détaillés sur les rencontres en question et même les affrontements qui en avaient découlés aussi bien à Alger qu'à Oran où des blessés avaient même été signalés. Toujours est-il que cette plainte semblait surtout viser l'effet d'annonce, comme le précise notre source, puisque la Constitution est on ne peut plus claire sur cette question, un chef d'Etat n'étant passible de poursuites judiciaires que dans le cas de crimes économiques ou de haute trahison. Toujours est-il que sur le plan politique, la démarche pèse lourd puisqu'elle met en exergue le «complot étatique ourdi contre le premier parti du pays dans le but manifeste de l'empêcher de soutenir la candidature de son secrétaire général, Ali Benflis». De leur côté, les membres du comité de redressement mettent les bouchées doubles dans leurs actions. C'est ainsi que toute la semaine sera consacrée, nous indique Si-Afif, «à la mise en place des coordonnateurs de wilaya». Selon notre source, «25 wilayas ont déjà été touchées par la mesure. Nous tentons de venir à bout des conflits qui existent dans certaines wilayas. Si nous n'y réussissons pas, le recours au vote tranchera». Toujours de même source, nous apprenons que la seconde semaine sera consacrée à la finalisation des projets de textes avant leur soumission à débat à la base afin que les congrès régionaux, quatre en tout, puissent se tenir à la troisième semaine, c'est-à-dire dès le début du mois prochain. Quant au congrès national, «qui aura lieu quelle que soit la décision de justice lors de la troisième décade du mois de décembre prochain, les statuts seront respectés, et personne ne sera admis aux instances dirigeantes sans vote». Si le mouvement se déclare satisfait des «adhésions nombreuses qu'il enregistre au quotidien», il n'en précise pas moins qu'un moment arrivera où «les retardataires n'auront plus leur place parmi nous». Et pour cause. Le risque d'invalidation du 8e congrès par la justice est présent, précise-t-on du côté du mouvement de redressement. La décision peut être prise dès le début du mois prochain. Or, tout recours auprès du conseil d'Etat n'est pas suspensif de la décision rendue par le tribunal d'Alger. Un scénario que les redresseurs, certes, espèrent se réaliser alors que les militants légalistes continuent de dire que le droit, la légitimité et la morale sont de leur côté et qu'il finiront par triompher de cette adversité, à forts relents politiciens.