Y aura-t-il de l'argent dans les Postes? Sans langue de bois aucune, le directeur de la poste au ministère de la Poste et des Technologies de l'information et de la communication (Mptic), Tiar Mikail évoque les sujets d'actualité. 3G, crise de liquidités, banque postale, paiement par carte bancaire et «Dz,» ont été passés en revue par cet ex-conseiller auprès du gouverneur de la Banque d'Algérie en marge de la conférence de presse «Trophées MED-IT» organisée au Palais de la culture où il faisait partie des conférenciers. Appréciez plutôt! 3G: «Ça tarde par souci d'équité» Le premier sujet évoqué par M. Tiar est incontestablement celui de la 3e génération de mobile (3G). «L'aspect technique est prêt, le cahier des charges aussi, nous avons retardé le lancement par souci d'équité entre tous les trois opérateurs de téléphonie mobile qui activent en Algérie», a-t-il affirmé. Explication: «Un de ces trois opérateurs qui a subi des changements et dont la situation reste floue ne peut pas postuler à la licence de 3e génération tant que sa situation administrative n'est pas encore réglée», a-t-il ajouté. «Donc, pour être juste avec les trois opérateurs on a retardé le lancement de la 3e génération de téléphone mobile», insiste-t-il. «Je ne peux donner une date exacte quant à son lancement, néanmoins si la situation perdure l'Etat pourrait le lancer sans cet opérateur», assure-t-il. Pour ce qui est du fait que l'Algérie ait tardé à lancer la 3e génération de mobile, M.Tiar explique que c'est un choix stratégique. «On aurait pu le faire comme nos voisins, mais cela ne va pas avec notre stratégie qui est de privilégier l'inclusion», rapporte-t-il. «L'Algérie a choisi de déployer une technologie accessible à tous. Lorsque la 3 G sera déployée elle le sera pour le plus grand nombre», garantit-il. Le directeur de la poste au Mptic a également annoncé le lancement dès l'an prochain d'un département qui s'occupera de mettre les bases de la quatrième génération de mobiles (4G). La crise de liquidités de retour Le deuxième point évoqué par M.Tiar n'est autre que celui qui occupe l'esprit des citoyens: y aura-t-il de l'argent dans les Postes? «Oui», répond-il en précisant toutefois le risque de quelques petites crises locales. «Les citoyens n'ont pas à s'inquiéter, ils ne revivront plus les crises de liquidités des dernières années», témoigne-t-il. «Seules quelques petites crises locales peuvent apparaître», estime-t-il. Pourquoi autant de certitude? «Eh bien, la dernière crise a été provoquée par une situation exceptionnelle induite par les augmentations conséquentes de salaire qu'a connues le secteur public. Cette augmentation a été accompagnée d'effet rétroactif avec rappel sur les salaires, ce qui a fait des sommes colossales», relate-t-il. «Comme les citoyens ont presque tous retiré leur argent en liquide pour effectuer de gros achats en liquide, comme les voitures, au lieu de chèque, les réserves de la Poste ont été épuisées et la crise est apparue», témoigne-t-il en dénonçant le fait que le chèque n'ait pas été utilisé pour ces gros achats. «Il reste seulement les textes de loi» Cette dénonciation faite par M.Tiar Mikail concernant le paiement par chèque ressemble fortement à un réquisitoire contre la politique de la «chkara» (du sachet noir). Mais l'Etat a également sa part de responsabilité dans les tergiversations dans le lancement de la carte bancaire. A ce sujet, le directeur de la poste au Mptic répond que le paiement par carte bancaire sera bientôt lancé. «L'aspect technique est prêt, il ne reste que la mise en place des textes de loi qui sont faits par deux secteurs à savoir l'Autorité de régulation de la poste et des télécommunications (Arpt) et la Banque d'Algérie», assure-t-il avant d'annoncer que l'Algérie ne se contentera pas de lancer le paiement par carte bancaire mais également par téléphone mobile. «En tout cas, une chose est sûre, nous sommes prêts pour ce passage au paiement électronique», a-t-il répliqué. Des nouveaux textes de loi pour s'adapter M.Tiar a fait son mea-culpa en avouant qu'il y avait un petit retard enregistré dans la modernisation du secteur telle que l'augmentation du nombre de distributeurs automatiques. Cependant, il explique que cela est dû à des raisons stratégiques qui sont de réorganiser le secteur et de créer des lois afin de l'adapter à la réalité du terrain et pouvoir passer à la modernisation avec les textes de loi qui vont avec. C'est-à-dire ne plus buter sur des vides juridiques. «Il y a dans ce sens des lois qui seront soumises à la prochaine session de l'Assemblée populaire nationale (APN)», indique-t-il. Parmi ces lois qui seront soumises à l'APN, il donne l'exemple de la portabilité des numéros. «Avec cette loi vous pourrez changer d'opérateurs et garder votre numéro même s'il est d'un autre opérateur», rapporte-t-il en soulignant le fait que ces lois ont été copiées de l'étranger. «Dans le progrès technologique il faut d'abord copier, ensuite améliorer», souligne-t-il. «La banque postale sera une filiale de la Poste» Le directeur de la poste au Mptic n'a pas omis de revenir sur le sujet qui le concerne directement, à savoir le lancement d'une banque postale. Il souligne ainsi le fait que ça ne sera pas la poste qui se transformera en banque postale, mais cette dernière sera une filiale de la poste. «Le projet de la banque postale est déjà finalisé, elle sera opérationnelle d'ici 2014», promet-il. M.Tiar annonce à ce propos le lancement d'ici la fin de l'année de deux filiales de cette banque postale. La première concerne le transport de fonds. Le second est le courrier hybride. Celui-ci est une technique par laquelle un message est envoyé sous forme électronique avant d'être imprimé, puis remis à son destinataire par l'opérateur postal sous forme de courrier papier; par extension, un courrier traité et transmis selon cette technique. «Avec le courrier hybride vous pourrez envoyer des lettres en les écrivant virtuellement sur le Net mais qui seront retranscrites en réel et envoyée aux personnes que vous aurez choisies avec les modèles que vous avez choisis», explique-t-il. «DZ»: «Il est temps de le re-booster» Le dernier point sur lequel est revenu Tiar Mikail est le «Dz». Il reconnaît que ce TLD (Top-Level Domain), «domaine de premier niveau» souffre encore de grosses lacunes telles que le blocage ou la lenteur. «C'est pour ces raisons qu'il n'arrive pas à s'imposer», a-t-il affirmé. Pour lui, il est temps de le re-booster afin de le remettre à niveau et qu'il puisse rivaliser avec la concurrence étrangère. «Le "Dz'' était sous la coupe du ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, ce n'est plus le cas...», a-t-il conclu avec ce qui sonne comme une mise au point. Voilà donc que sans prendre de gants, le directeur de la poste au ministère de la Poste et des Technologies de l'information et de la communication (Mptic), Tiar Mikail, a fait le point sur la réalité du secteur en mettant en évidence les acquis sans nier les évidences que sont les lacunes...