Entre le 7 juillet et la journée du 8, ce service a enregistré le décès de 3 nouveau-nés. Le père de l'un d'eux vient de saisir la justice. «Le corps de mon enfant portait des traces. Il avait une fracture à la hanche gauche et à la nuque. Quand je l'ai lavé, ces parties étaient bleues. Il n'est pas mort-né, les échographies et le suivi d'avant l'accouchement disent qu'il se portait bien», nous confiera A. Salah. Dans sa plainte adressée au procureur de la République, dont la rédaction détient une copie, le citoyen insiste sur «la mauvaise prise en charge de son épouse» qui souffrait pendant plus d'une heure avec le bébé entre les jambes puisque la tête ne sortait pas et attendant le médecin pour prescrire le médicament qui dilaterait le col. Selon ses dires, l'une des sages-femmes aurait demandé la présence du docteur. «Si on l'appelle, elle nous lavera», aurait rétorqué sa collègue. Le médecin traitant, un gynécologue privé, aurait recommandé, selon toujours le plaignant, une césarienne. A la question de savoir pourquoi n'avoir pas envoyé son épouse dans une clinique privée, notre interlocuteur nous affirmera qu'à l'admission en urgence à la maternité, le personnel l'aurait rassuré en lui affirmant que l'accouchement sera une simple formalité surtout que son épouse a déjà accouché trois fois. «Si j'ai décidé de recourir à la justice, c'est pour mettre un terme à des comportements irresponsables. La maternité de Bouira est une boucherie où des sages-femmes dictent leur loi. Je veux que les assassinats cessent dans cette structure et que les criminels répondent de leurs actes», nous affirmera, très serein, Salah. Précisons qu'avant ce jour, nous avons été destinataires de plusieurs réclamations quant à l'accueil au sein de cet établissement. La mort de trois nouveau-nés la même nuit doit faire réagir les consciences. Le procureur de la République près le tribunal de Bouira vient d'ouvrir une enquête suite la plainte de A. Salah, un père décidé à mettre en lumière un service qui ne fait pas l'unanimité. A quelques kilomètres de cette structure, la maternité de l'hôpital de Lakhdaria fait largement mieux en termes de réception des patients. L'accueil et le sourire d'un paramédical, d'un médecin suffit parfois à guérir un malade; ce n'est pas le cas à la maternité de l'hôpital Mohamed-Boudiaf. Ce dernier, doté d'un service de maternité, doit, conformément à sa capacité, être classé Etablissement hospitalier spécialisé puisqu'il dispose de 61 lits. Au lieu d'être spécialisé, ce service est devenu, par la force des choses, un lieu que l'on évite pour ne pas dire infréquentable au motif qu'il manque de tout. Parce qu'il n y a pas de spécialistes, les paramédicaux et autres sage-femmes dictent leur loi. Des femmes y ayant séjourné parlent de traitement digne des geôles des grandes dictatures de ce monde. «Certaines infirmières agressent les malades et abusent d'un langage violent pour leur faire peur.» Parce que la majorité des malades viennent des villages avoisinants, ces «citadines» prennent des airs et malmènent les «rurales» habituées au respect et à l'obéissance.