Al Assad veut décider seul de son avenir politique Un appel est lancé à l'opposition et l'Armée syrienne libre à mettre en place un gouvernement de transition. Le porte-parole du ministère syrien des Affaires étrangères, Jihad Makdessi, a prévenu lors d'une conférence de presse à Damas que son pays rejette la proposition de la Ligue arabe de ménager un départ "sûr" du pouvoir au président Bachar al-Assad. "Nous sommes désolés que la Ligue arabe se soit abaissée à ce niveau envers un pays membre de cette institution». «Cette décision revient au peuple syrien qui est le seul maître de son sort" , a-t-il dit. C'est une réponse à l'appel des pays de la Ligue arabe invitant le président Bachar al-Assad à céder le pouvoir pour s'offrir une sortie "sûre" du pays. C'est le contenu de l'annonce faite par le Premier ministre du Qatar, cheikh Hamad Ben Jassam Al-Thani. «Il y a une entente sur une démission rapide du président Bachar al-Assad pour une sortie sûre (...). Il est appelé à renoncer rapidement au pouvoir en échange d'une sortie sûre», a déclaré cheikh Hamad aux journalistes. Le ministre, qui s'exprimait au terme d'une réunion du Comité ministériel de la Ligue arabe chargé de la crise syrienne, suivie d'une réunion ministérielle élargie, a appelé l'opposition et l'Armée syrienne libre (ASL), formée de déserteurs et de civils armés, à mettre en place un gouvernement de transition. «L'opposition et l'ASL sont appelés à former un gouvernement d'unité nationale», a précisé cheikh Hamad en rendant compte des résultats des réunions ministérielles arabes. Il a exhorté le président Assad a prendre une décision «courageuse» pour sauver son pays. «Il peut arrêter les destructions et les tueries en prenant une décision courageuse», a-t-il dit. Les participants ont, en outre, décidé d'allouer, par le truchement de la Ligue arabe, une aide de 100 millions de dollars aux réfugiés syriens. Au chapitre des sanctions, c'est l'Union européenne qui a décidé de renforcer les contrôles de l'embargo sur les armes afin d'augmenter la pression sur le régime de Bachar al-Assad. Les ministres des Affaires étrangères de l'UE ont adopté un 17e train de sanctions qui ajoute 26 personnes et trois nouvelles sociétés à la liste noire de l'UE des interdictions de visa et des gels d'avoirs. Ils ont, par ailleurs, renforcé l'embargo sur les armes en introduisant une obligation de contrôle des navires et aéronefs soupçonnés de transporter des armes ou du matériel. Il s'agit aussi d'interdire «à la compagnie aérienne syrienne d'atterrir en Europe«.»Il est très clair que le régime d'Assad a perdu toute crédibilité», a jugé le secrétaire d'Etat allemand aux Affaires étrangères, Michael Link. Sur le terrain, les batailles pour le contrôle de Damas et d'Alep font rage. Hier, une colonne de fumée noire s'élevait au-dessus de Mazzé, un quartier huppé de l'ouest de la capitale où des affrontements ont duré une partie de la nuit. L'agence officielle Sana a annoncé que l'armée a rétabli la sécurité dans les vergers de Razi, dans le quartier de Mazzé, en la purifiant des groupes «terroristes» armés. Parallèlement, l'armée syrienne a déployé de nouvelles troupes dans des quartiers de Damas. Selon Rami Abdel Rahmane, président de l'OSDH, les soldats «contrôlent les grandes artères des quartiers où ils sont entrés, mais il y a encore des affrontements dans les ruelles». Au lendemain de l'appel de l'ASL, composée de déserteurs et de civils armés, à «libérer» d'Alep, des combats intenses se déroulaient notamment dans les quartiers de Sahour (est) et Hanano City (est). Homs, ville symbole de la contestation, et Rastane, dans la même province, sont la cible de bombardements, notamment par des hélicoptères, selon des militants. La situation aux frontières de la Syrie, dont les points d'entrée sont disputés entre l'armée et les groupes rebelles, suscitait également l'inquiétude dans les pays voisins, à l'instar de la Jordanie qui veut empêcher «toute sorte d'infiltrations» sur son territoire. La Turquie a renforcé son dispositif le long de la frontière en déployant des batteries de missiles sol-air à Mardin (sud-est).