Les difficultés financières de beaucoup de ménages ont induit de nouveaux comportements en matière de consommation. Autres temps, autres moeurs. Les fortes dépenses du mois sacré et l'Aïd El Fitr qui, ces dernières années, coïncident avec les vacances d'été et la rentrée scolaire, imposent aux familles des restrictions budgétaires. En effet, comme signe de ces changements, l'engouement pour les viandes congelées qui, autrefois, peu prisées est de retour puisqu'elles sont aujourd'hui, la base de la chorba, le plat de résistance et même le bourek. Une aubaine pour les importateurs qui ont flairé le filon. Effectivement, ces derniers ont jeté leur dévolu sur la viande australienne et brésilienne. A raison de 550 DA le kg, les ménages peuvent se permettre une dégustation au goût australien. Au quatrième jour de Ramadhan, les commerces de la viande congelée ne désemplissent pas et les ménages ne se soucient guère du goût ou de la qualité du produit. L'essentiel pour eux, c'est d'avoir de la viande dans la marmite. Le faible pouvoir d'achat des ménages est quelque peu à l'origine du silence des services de contrôle, quant à la vente de la viande congelée hachée. Cette forte demande de ce produit est évidemment expliquée par son prix qui est nettement plus bas que celui de la viande fraîche dont le prix est, au moment où nous mettons sous presse, de 1200 DA, pour les viandes bovines et 1400 DA pour les viandes ovines. Il faut dire aussi que l'écart des prix reste le facteur déterminant dans le choix des ménages. Et tant pis pour le goût, encore moins pour la valeur nutritive. D'ailleurs, les adeptes de la viande importée estiment que le goût du plat reste tributaire de l'assaisonnement. Autre insouciance des consommateurs de viande congelée, la présence de protéines leur importe peu. Sur cette question précisément, certaines ménagères se disent très confiantes quant à leur origine. «Je sais que c'est un produit hallal, provenant d'une bête égorgée comme le veut la religion», dira une cliente chez Jombo, un commerce de viande congelée très prisé à Annaba par les consommateurs de tous types de denrées congelées et surgelées. Une autre ménagère dira: «Chez nous, il n'est plus possible de se permettre de la viande fraîche, en dehors de l'Aïd El Adha.» Voilà en quoi consiste la capacité financière des ménages, notamment en ce mois sacré dont les caprices sont devenus un péché pour les bourses pleines, alors qu'en est-il des faibles bourses? Ainsi, face à cette situation, les ménages annabis, à l'instar de tous les ménages à travers le pays, de par les difficultés financières, sont contraints d'adopter de nouveaux comportements culinaires, notamment en ce mois de Ramadhan.