Le spectre de l'année blanche n'a jamais aussi lourdement plané. En dépit des augmentations conséquentes, résultats des négociations engagées entre le ministère de l'Education et les partenaires sociaux agréés, le secteur de l'éducation est toujours rythmé par un mouvement de grève dont les conséquences ne peuvent être que fatales pour les élèves. Le spectre de l'année blanche n'a jamais aussi lourdement plané. Alors qu'on s'attendait à une reprise graduelle à la faveur de l'instauration de cette prime dite de qualification touchant variablement l'ensemble des enseignants et leurs assimilés, c'est au contraire la débandade qui prend le relais. Débrayage par-ci, reprise par-là, jusqu'à hier, il était difficile de faire un état de la situation au niveau de la wilaya. Le gel de la grève de quatre jours, décidée par la Fnte à l'issue des négociations avec le ministre de l'Education, n'a pas été respecté par les travailleurs des établissements scolaires à Béjaïa. C'est le cas notamment de la daïra d'Akbou où les travailleurs de plusieurs établissements du moyen, notamment, ont spontanément débrayé pour marquer leur mécontentement. Si pour les travailleurs des corps commun, qui s'estiment «trahis» par la Fnte, le débrayage tend à se généraliser, il n'en est pas de même pour les enseignants, qui tout en se montrant solidaires avec cette frange lésée à chaque fois, jugent que ce qui a été arraché reste «insuffisant» comparé aux attentes. Dans le moyen et le primaire, la Fnte n'est, pour ainsi dire, pas pour autant dans de meilleurs draps. Bien au contraire, le mouvement de mécontentement prend de l'ampleur au moins pour forcer la main au Sete qui décide de reconduire le mouvement de grève à partir de samedi, et ce, pour deux jours. Cette colère est alimentée aussi bien par la revalorisation jugée «insuffisante» que par le caractère «discriminatoire». Les enseignants du moyen et du primaire trouvent «injuste que cette prime puisse être répartie de la sorte», se désolait, dès son annonce, un enseignant. «Avant, nous recevions tous la même part», soulignait sa collègue qui expliquait que «la différence entre les enseignants des trois paliers de l'enseignement figurent déjà dans les statuts». L'autre problème, qui risque de paralyser de nombreux établissements, se situe au niveau des travailleurs des corps communs. Cette frange de l'éducation n'est, jusqu'à preuve du contraire, pas touchée par la prime de qualification. Ils le savent si bien qu'hier, les établissements paralysés ont été à leur initiative. Quand bien même les responsables de la Fnte interviennent pour expliquer qu'«ils seront touchés dans le cadre de l'angmentation Snmg» décidée lors de la dernière tripartite, ils ne veulent rien savoir. Bref, la situation n'est pas du tout reluisante à Béjaïa et risque même de durcir à l'image des lycées. Le Cnapem, qui n'a, jusque-là, pas mobilisé grand monde dans le 1er, 2e et 3e paliers, fait son petit bonhomme de chemin. Hier, une déclaration, signée cette fois-ci, a été rendue publique. Un appel on ne peut plus clair est lancé aux travailleuses et travailleurs pour la constitution d'une nouvelle force syndicale et revendicative. Le Cnapem fait aussi part de ses revendications qui ne diffèrent pas de celles du Cnapest. La conjoncture s'est prêtée sérieusement pour se présenter en véritable rival du Sete/WB.Des fiches d'adhésion sont ainsi jointes à la déclaration distribuée à travers les établissements du moyen et du primaire. S'achemine-t-on vers une structuration? Nous en saurons davantage dans les prochains jours tout comme nous saurons également si les corps communs vont bénéficier de l'augmentation. Pour l'heure, le flou qui entoure cette prime de qualification, n'est pas de nature à susciter un quelconque apaisement, ici à Béjaïa, où les débrayages incontrôlés se font spontanément jour. Quant aux lycées enfin, la situation n'a guère évolué. Le mouvement s'y poursuit dans un climat d'inquiétude grandissante. Hier, les Pest bouclaient la quatrième semaine de grève.