L'émissaire de l'ONU, Kofi Annan, dans l'impossibilité d'accomplir sa mission, a jeté l'éponge jeudi «J'ai fait de mon mieux», a déclaré M.Annan à la presse à Genève (...) «Je n'ai pas reçu tous les soutiens que la cause méritait», a-t-il indiqué. Kofi Annan a démissionné jeudi de son poste de médiateur de l'ONU en Syrie après cinq mois d'efforts infructueux, fustigeant le manque de soutien des grandes puissances à sa mission. «J'ai fait de mon mieux», a déclaré M.Annan à la presse à Genève, mais «la militarisation croissante sur le terrain et le manque évident d'unité au sein du Conseil de sécurité ont fondamentalement changé les circonstances pour l'exercice effectif de mon rôle». «Je n'ai pas reçu tous les soutiens que la cause méritait», a-t-il poursuivi. La chef de la diplomatie américaine, Hillary Clinton, a remercié jeudi M. Annan d'avoir assumé la «lourde tâche» de tenter d'établir une transition politique pacifique, pointant le blocage du Conseil de sécurité qui a privé le médiateur des «outils nécessaires pour faire avancer sa cause». Le Conseil de sécurité de l'ONU n'a jusqu'à présent pas réussi à faire pression sur les protagonistes du conflit syrien. Dans un communiqué, Mme Clinton a souligné que Kofi Annan avait «travaillé sans relâche à la construction d'un consensus», et assuré une fois plus les Syriens du soutien des Etats-Unis. «Nous restons attachés à la mise en oeuvre d'une transition politique rapide telle que conçue par le plan Annan». Plus tôt, la Maison blanche avait rendu Moscou et Pékin responsables de l'échec de M.Annan, jugeant les veto russo-chinois «hautement regrettables». Pour le ministre français des Affaires étrangères Laurent Fabius, cette démission «illustre l'impasse dramatique du conflit syrien»: «L'urgence d'un cessez-le-feu, du départ (du président syrien) Bachar Al Assad et d'une transition politique (...) est plus pressante que jamais». Saluant le travail de M.Annan, le ministre britannique des Affaires étrangères William Hague a quant à lui souligné que son plan «offrait toujours la meilleure chance» de restaurer la paix. Le ministre allemand des Affaires étrangères Guido Westerwelle a de son côté déclaré regretter la décision de Kofi Annan de démissionner. Il a jugé que si son plan de paix avait échoué, c'était «surtout parce que le régime Assad n'avait pas tenu sa parole de respecter l'accord». «Il est plus que temps que la Russie et la Chine arrêtent de le couvrir», a-t-il dit. Le président russe Vladimir Poutine a, lui, qualifié cette démission de «très regrettable», estimant toutefois qu'elle ne devrait pas décourager les efforts pour trouver une solution diplomatique au conflit. La Chine a elle «regretté» la démission de M.Annan et assuré que Pékin allait continuer de «travailler à une solution politique» au conflit. Damas a de son côté accusé les «Etats qui cherchent à déstabiliser la Syrie» d'avoir «entravé» la mission Annan. M.Annan avait proposé un plan en six points prévoyant une cessation des combats et une transition politique. Mais ce plan n'a jamais été appliqué. La «transition» signifie que Bachar Al Assad doit «tôt ou tard» partir, a-t-il affirmé jeudi. Le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon avait auparavant annoncé que M.Annan quitterait son poste le 31 août. M.Ban a entamé des consultations avec son homologue de la Ligue arabe, Nabil al-Arabi, pour «nommer rapidement un successeur» car, selon lui, le plan Annan «reste le meilleur espoir pour le peuple de Syrie». Anticipant la démission de M. Annan, nommé le 23 février, un diplomate confiait il y a quelques jours: «Ce ne sera pas une surprise, on lui a confié une mission impossible ́ ́. L'Assemblée générale de l'ONU devait voter hier sur une résolution présentée par le groupe des pays arabes qui dénonce le bombardement des villes rebelles par l'armée syrienne et réclame une transition politique en Syrie. Cette initiative a une portée essentiellement symbolique puisque l'Assemblée ne peut émettre que des recommandations, contrairement au Conseil de sécurité. Sur le terrain, la situation demeurait hier préoccupante ou les forces belligérantes se livraient à des combats acharnés dans ce que Bachar Al Assad avait qualifié mercredi de «bataille du destin». Dans la deuxième ville du pays, Alep, le quartier de Salaheddine était de nouveau bombardé par les soldats qui encerclent ce principal bastion rebelle et plusieurs autres quartiers de la cité.»la violence continue de s'intensifier à Alep ou des renforts considérables ont été dépêchés pour la «grande bataille» avait estimé jeudi, le chef des opérations de maintien de la paix de l'ONU, Hervé Ladsous. Les insurgés affirment contrôler la moitié d'Alep. Selon des sources de sécurité, l'armée «observe et teste le système de défense des terroriste (...) avant de les annihiler en menant une opération chirurgicale». Le haut commissaire de l'ONU pour les réfugiés (HCR) a déploré avoir été dans l'impossibilité de faire entrer la veille de l'aide alimentaire à Alep en raison du blocus militaire, faisant état d'une coupure des téléphones portables et d'Internet.