Les armes de guerre saisies par les autorités syriennes lors de la chute du quartier de Baba Amr à Homs, institué «Emirat islamique» Stigmatisé et condamné par les médias du monde entier, le gouvernement syrien se retrouve au coeur d'une polémique internationale. Le gouvernement syrien réprime-t-il des manifestants pacifiques, ou combat-il les groupes armés des mercenaires financés par le Qatar et l'Arabie Saoudite? S'agit-il d'une guerre civile ou d'une attaque coordonnée menée par une coalition internationale «informelle» contre le régime syrien? La réponse à ces questions représente la clé de voûte de la réalité des événements qui se déroulent en Syrie. Stigmatisé et condamné par les médias du monde entier, le gouvernement syrien se retrouve au coeur d'une polémique internationale. Le monde est outré par l'exécution de milliers de citoyens syriens, qui ne font, selon la communauté internationale, que manifester leurs ambitions pàacifiquement pour l'abolition d'une dictature qui perdure depuis plus de 30 ans. De son côté, Al Assad parle d'une mainmise étrangère qui tend à renverser le régime en place. Il affirme aussi, et ce depuis le début des dépassements, que son armé combattait des mercenaires et des terroristes étrangers infiltrés au milieu des foules. Un fait, pour ne citer que cet exemple, peut aider à comprendre la tournure que prennent les choses. Quelques-unes des armes saisies lors de la libération du quartier de Baba Amr à Homs, démontre clairement que c'est de l'étranger que proviennent les armes. Aussi, la reprise par les autorités du quartier de Baba Amr à Homs est un exemple typique de l'utilisation de civils comme boucliers humains par des gangs armés et comme support de propagande pour diaboliser un gouvernement. Officiellement, ce sont les combattants de l'Armée «syrienne» libre (ASL) - qui se présentent comme étant les protecteurs de la population civile pour faire face à la répression de l'armée syrienne - dans la réalité des faits, c'est bien cette «armée» constituée de rebelles et de mercenaires qui commet des crimes innommables imputés par les médias internationaux au régime de Damas. En effet, ladite «A S L» est composée essentiellement de mercenaires et de fanatiques, financée par le Qatar, armée par la Turquie et encadrée par la France et la Grande-Bretagne. De fait, la plupart de ces combattants armés réfutent toute tentative visant à convaincre que l'insurrection a pour but la démocratie pour la population de ce pays. Des guerriers fondamentalistes, autoritaires forment l'épine dorsale de l'insurrection. Nous sommes bien loin de la révolte populaire qui prône la démocratie et les libertés individuelles, faisant partie du courant du printemps arabe. Ces groupes armés de mercenaires n'ont aucune crédibilité auprès de l'opinion publique syrienne. Il est donc peu probable que l'armée s'amuse à massacrer des civils inoffensifs au lieu de combattre ceux qui représentent un réel danger à la stabilité du régime et du pays. Car avant leur apparition, le mot d'ordre du président syrien était réformes et négociations avec les manifestants. Sur ce volet, le «Conseil national syrien», soutenu par l'Occident et l'«Armée syrienne libre» armée par la Turquie et les Etats du Golfe, avait rejeté les appels russes et chinois au dialogue et à la négociation alors que le gouvernement d'Assad les a acceptés. L'Otan et les monarchies du Golfe poussent leurs pions à soutenir un changement violent du régime, une politique qui a déjà entraîné la mort de milliers de Syriens. Les sanctions économiques des Etats-Unis et de l'Union européenne ont pour objet de casser l'économie syrienne. Dans ce qui est une répétition du scénario libyen, l'Otan propose de «libérer» le peuple syrien par la destruction de son économie, de sa société civile et de l'Etat laïc. La campagne actuelle de l'Occident contre le gouvernement indépendant d'Assad fait vraisemblablement partie d'une série d'attaques contre les mouvements pro-démocratie et les régimes indépendants en Afrique du Nord jusqu'au Golfe persique. Face à des mouvements pro-démocratie similaires à ceux du Monde arabe, les autocrates du Golfe soutenus par l'Occident ont écrasé les soulèvements à Bahreïn, au Yémen et en Arabie Saoudite. Cette agressivité s'est prolongée jusqu'au gouvernement laïc de Libye, quand, appuyant les bandes rebelles et les mercenaires les puissances de l'Otan - par un bombardement aéronaval massif qui dura de longs mois- ont participé à l'anéantissement de l'économie et de la société libyenne. Entre-temps, c'est la politique impériale du «Ruiner et Régner» qui est devenu le «modèle» pour la Syrie: créer les conditions d'un soulèvement de masse dirigé par les fondamentalistes musulmans, financés et entraînés par les Occidentaux et des Etats du Golfe. Selon le département d'Etat, «le chemin vers Téhéran passe par Damas»: l'objectif stratégique de l'Otan serait, dans un contexte géostratégique précis, de détruire le principal allié de l'Iran au Moyen-Orient; pour les monarchies absolues du Golfe, le but est de remplacer une république laïque par une dictature théocratique vassale. Pour le gouvernement turc, il s'agit de favoriser un régime soumis au diktat de la version d'Ankara du capitalisme islamique; pour Al Qaîda et ses alliés salafistes et wahhabites un régime théocratique sunnite, débarrassé des Syriens laïcs, des Alaouites et des chrétiens servira de tremplin dans le monde islamique; et pour Israël, une Syrie divisée et ensanglantée permettra d'assurer son hégémonie régionale. Dans ce contexte, nécessité est de constater qu'une victoire militaire occidentale en Syrie ne ferait qu'alimenter davantage la frénésie militariste. Cela encouragerait l'Occident, Riyadh, Doha et Israël à provoquer une nouvelle guerre civile au Liban. Après avoir démoli la Syrie, l'axe Washington-Bruxelles-Riyadh-Tel-Aviv se dirigera vers une confrontation encore plus sanglante avec l'Iran.