Des coupures de courant qui vont parfois bien au-delà de vingt-quatre heures Ils investissent la rue dans l'espoir de mettre fin au black-out répétitif qui les contraint à un «dîner aux chandelles» et les prive de leur climatiseur. Les réclamations pleuvent sur Sonelgaz suite aux récurrentes et nombreuses coupures de courant électrique qui n'ont quasiment épargné aucune région du territoire national. La hantise «de la révolution des ténèbres» s'installe désormais en Algérie, à la faveur de cet été caniculaire. En effet, les sempiternelles chutes de tension connaissent une fréquence record ces derniers jours, ce qui n'est pas sans exaspérer les citoyens, notamment ceux de l'intérieur du pays, où, dans certaines wilayas, le mercure a grimpé jusqu'à 50° C. Aussi, des contrées entières, que ce soit dans la capitale, à l'est, à l'ouest, au centre ou au sud du pays, ont été le théâtre d'émeutes contre l'obscurité. Ces dernières ont eu pour décor des routes barrées et ont le plus souvent servi d'occasion pour vandaliser les biens de Sonelgaz. La population justifie son recours à ce moyen ultime pour exprimer sa colère, et reproche à l'entreprise Sonelgaz de procéder sans préavis aux coupures. Nombreux sont les commerçants et les propriétaires de chambres froides à dénoncer cette attitude et vont jusqu'à réclamer des dédommagements à Sonelgaz. Notamment à Batna où des dizaines d'artisans en colère exigent réparation suite aux dommages qu'ont subi leurs marchandises, dont des denrées sensibles comme les fromages, le casher, le yogourt, le lait et ses dérivés. Les habitants de cette grande ville, réitèrent pour leur part leur ferme intention de réinvestir la rue comme ils l'ont fait depuis quelques jours, et ce afin de mettre fin au black-out répétitif qui les contraint à dîner aux chandelles et les prive de leurs climatiseurs durant les heures diurnes, particulièrement chaudes. Le silence dont on accuse Sonelgaz, additionné à des suspensions de courant qui vont parfois bien au-delà des vingt-quatre heures, met à vif les nerfs des consommateurs. C'est le cas à Kouba et à Birkhadem qui ont vu de nombreuses familles rompre le jeune à la lueur des bougies. Dans la wilaya de Blida et plus précisément à Bougara, les incendies de forêt et les délestages gâchent la vie des citoyens. Ces derniers recourent à l'achat de stabilisateurs afin de remédier aux basses tensions et protéger leurs matériels domestiques. Ils se disent contraints de débourser une somme de quinze mille dinars pour acquérir cet outil qui les prémunit de la détérioration de leurs biens, entre autres les frigidaires, les climatiseurs et les téléviseurs. A Ouled Aïch, à quelques encablures de la ville des Roses, les coupures de courant ont obligé les habitants à se rassembler et à couper la route menant du chef-lieu de la wilaya de Blida à la commune de Soumâa. Ils ont même brûlé des pneus pour manifester leur courroux contre Sonelgaz. C'est que la commune d'Ouled Aïch a été privée d'électricité pendant deux longues journées! Ce qui n'a pas été sans conséquences sur les commerces, principalement les boucheries et les magasins d'alimentation générale qui craignent à chaque fois que les pannes fréquentes ne provoquent une rupture de la chaîne du froid, qui agit sur la viande et sur ses composants. Ce qui n'est pas sans risque sur la santé des clients. Le consommateur devient alors la victime toute désignée, qui va payer comme d'habitude, la facture et réparer les dégâts. Décidément, entre le citoyen et Sonelgaz, le courant ne passe plus. Dans la capitale des Hauts-Plateaux, Sétif, les coupures de courant répétitives durant ce mois de Ramadhan ont contraint les Sétifiens à supporter des chaleurs caniculaires qui dépassent les 42° C, alors qu'ils sont en majorité équipés de climatiseurs. Nombreuses sont les familles qui font part de leur ras-le-bol devant ces pannes inexpliquées. La fréquence de ces dernières devient inquiétante, font-elles savoir tout en précisant que les fidèles sont même amenés à procéder au rituel des taraouih à la lueur des cierges. «Cela n'est pas sans nuire à la qualité des soirées de Ramadhan, puisque nous sommes contraints de rester calfeutrés chez nous», fait-on encore savoir. Le troisième âge est l'autre victime des délestages et des pannes de courant. Les personnes concernées étant exposées aux difficultés respiratoires et aux crises cardiaques durant les grandes chaleurs. Inquiets pour leur sort, les citoyens occupent donc la rue afin d'alerter les autorités sur leurs conditions de vie durant cet été. A chaque fois ils obligent les forces de l'ordre à intervenir pour ramener le calme. En attendant et si les coupures se poursuivent de manière inconsidérée et généralisée, ils risquent de faire de l'émeute un mode d'expression systématique.