«Notre mission ne fait pas fonction d'un arbitre ou d'un tribunal. On n'est pas là pour juger ou donner des leçons», note M. Salafranca. Le président de la mission de l'Union européenne d'observation des élections législatives du 10 mai dernier, José Ignacio Salafranca, rejette toutes les accusations, soupçonnant sa mission d'avoir combiné avec le pouvoir algérien pour cautionner le processus électoral. Lors d'une conférence de presse tenue hier à l'hôtel Sofitel à Alger, Salafranca a réfuté en bloc toute idée de négociation avec les représentants du pouvoir sur le contenu du rapport, expliquant que ses missions et obligations sont remplies. Le conférencier, qui a indiqué que les élections se sont déroulées dans des conditions globalement positives, n'a pas souhaité commenter outre mesure le caractère démocratique des élections. «Notre mission ne fait pas fonction d'arbitre ou de tribunal. On n'est pas là pour juger ou donner des leçons. On est venus par amitié à l'Algérie et pour apporter une réponse positive à l'invitation des autorités», a-t-il indiqué, ajoutant que «ces élections constituent un point de départ et non d'arrivée et un avancement clair en matière de transparence des élections». Le rapport de la mission de l'UE, rendu public hier, près de trois mois après la tenue de ce scrutin, a estimé que les élections législatives s'étaient déroulées généralement dans une atmosphère «calme et ordonnée» et comportent un «nombre d'aspects positifs du processus électoral». Parmi les points positifs, le rapport souligne l'augmentation du nombre de partis politiques et de listes indépendantes qui a permis d'élargir l'offre politique, l'instauration de mécanismes de contrôle additionnels de l'opération de vote, telles que les deux commissions d'observation et de supervision des élections, l'incorporation des urnes transparentes et l'entrée de 143 députées femmes dans la nouvelle Assemblée. José Ignacio Salafranca a considéré que ces élections sont un pas en avant dans la transparence électorale en Algérie, évacuant la fraude électorale, les irrégularités et les dépassements dénoncés par les partis politiques et une partie de la société civile. Ces derniers ont, en effet, soupçonné l'UE, sous l'effet d'une crise financière aiguë, d'avoir passé un accord avec le gouvernement pour cautionner les élections en contrepartie d'intérêts économiques et financiers. En rejetant ces accusations, le conférencier a renvoyé aux 31 recommandations que la mission a suggéré pour plus de transparence électorale à l'avenir. Ces recommandations ont trait, entre autres, à la transparence et à la traçabilité des résultats, au cadre institutionnel et juridique, aux partis politiques et la campagne électorale et aux procédures de vote. La mission d'observation de l'UE va-t-elle exiger la mise en oeuvre de ces recommandations lors des prochaines échéances électorales? Le conférencier a indiqué, en réponse à cette question, que sa mission n'a ni la vocation, ni la capacité d'imposer quoi que ce soit à l'Algérie, car, a-t-il expliqué, «on a affaire à un Etat souverain». «Nous pensons contribuer à créer des éléments supplémentaires pour plus de transparence et il revient aux autorités de juger des suites à donner aux recommandations», a-t-il dit. Interrogé sur le mémorandum que le RCD avait envoyé au Parlement européen et dans lequel il accuse la mission de s'être précipitée à délivrer un quitus à l'opération électorale, M.Salafranca a indiqué que le Parlement européen a souscrit à la déclaration liminaire du 12 mai. «La déclaration a également fait l'objet d'un débat au Parlement européen, et il n'y a pas eu de problèmes par rapport à cela. Elle a été aussi discutée au niveau du ministère européen des Affaires étrangères», a-t-il noté. Concernant les résultats des élections, le conférencier a fait remarquer qu'avec 17% des voix exprimées, le FLN a remporté 45% des sièges de l'APN (208 sièges) alors qu'une vingtaine d'autres partis rassemblés ont remporté un nombre très limité de sièges avec 53% des voix. M.Salafranca incombe cet état de fait au système électoral proportionnel et aux 5% des voix exigées de chaque parti participant pour ouvrir droit à la répartition des sièges.