Alors que le front social est en pleine ébullition avec la flambée des prix et les coupures d'eau et d'électricité, les partis semblent être en total déphasage avec la réalité nationale. Les partis fleurissent comme des champignons. La scène politique va encore s'élargir. Trois nouveaux partis viennent d'être agréés par le ministère de l'Intérieur et des Collectivités locales. Il s'agit du Parti algérien vert pour le développement (Pavd) dont le secrétaire général est Amara Ali, le Parti des fidèles à la patrie (PFP) présidé par Mostefa Kamel et le Front démocratique libre (FDL) dirigé par Brahmi Rabah. D'autres formations auront prochainement leur agrément. Le département de l'intérieur précise, dans un communiqué rendu public lundi, que sept nouveaux partis politiques ayant «rempli les conditions légales» ont été autorisés à tenir leur congrès constitutif. Il s'agit en l'occurrence du Mouvement national des travailleurs algériens (Mnta), du Parti du renouveau et du développement (PRD), du Médiateur politique (MP), du Parti nouvelle génération libre (Pngl), du Parti de la voie authentique (PVA), de l'Union nationale pour le développement (UND) ainsi que le Front pour le développement, la liberté et l'égalité (Fdle). Ainsi, ce quota s'ajoute à celui des partis créés récemment. Depuis l'adoption de la nouvelle loi sur les partis, la scène politique nationale s'est enrichie de onze nouvelles formations. Leur nombre total va dépasser la soixantaine, sachant qu'environ trente autres dossiers trônent sur le bureau de Ould Kablia. Le ministre de l'Intérieur avait déclaré récemment qu'une trentaine de dossiers étaient à l'étude. Compte-tenu de ces données, le nombre des partis va sans doute dépasser les 80 associations à caractère politique (ACP). Après dix ans d'austérité, la scène politique connaît une débauche de formations politiques. Jamais autant de partis n'ont été créés en un laps de temps aussi court. Le département de l'intérieur a réduit les délais de traitement des dossiers de 60 jours à moins d'une semaine. A quoi cela sert-il de créer des partis à la pelle? Qu'apporte la présence de 50 ou 60 partis politiques à la société algérienne? Cela va-t-il faire évoluer le statut de la liberté et la citoyenneté? s'interrogent les observateurs de la scène politique qui restent quelque peu sceptiques quant à la finalité de ces partis. Ils estiment que la création de nouveaux partis n'a rien apporté de nouveau à la société, voire à la pratique politique. Bien au contraire, les citoyens voient en ces formations un véritable fonds de commerce. Preuve en est: durant les élections législatives les nouveaux partis n'ont pas innové dans l'exercice politique et ont rebattu les mêmes discours. Les nouveaux partis n'ont pas réussi à capter l'attention des citoyens. Les mieux placés ont décroché cinq sièges. Or, passé l'intermède électoral, ces derniers sont entrés en hibernation dès le dernier bulletin de vote déposé. Alors que le front social est en pleine ébullition avec la flambée des prix et les coupures d'eau et d'électricité, les partis semblent être en total déphasage avec la réalité nationale... Ces derniers ont laissé le citoyen livré à lui-même. Par ailleurs, les observateurs de la scène politique considèrent que la création de nouveaux partis favorisera l'éparpillement des voix. Pour rappel, plus de quarante partis politiques, plus précisément 44, avaient pris part aux élections législatives du 10 mai dernier. Cette fois-ci, leur nombre sera revu à la hausse avec l'arrivée de nouvelles formations. Avec le désintérêt ambiant des citoyens, la bataille des locales promet d'être très rude pour les partis.