Le président du FFS aurait l'intention de rentrer en compagnie d'un important panel d'avocats en vue d'aller vers un procès politique. Des sources crédibles, proches du FFS, indiquent que les principales figures de ce parti se trouvaient la semaine passée à l'étranger dans le but de tenir une réunion secrète avec leur président, Hocine Aït-Ahmed. Les mêmes sources ajoutent que des responsables comme Djoudi Mammeri, Karim Tabbou, Madjid Abid et Djamel Zenati, qui devaient prendre part à cette rencontre qui a eu lieu à Paris la semaine passée, se trouvaient en déplacement en Europe depuis plusieurs jours dans le but de battre le rappel des troupes et sensibiliser l'opinion et les politiques sur la situation qui prévaut en Algérie ainsi que sur l'affaire de cette plainte. Pour rappel, l'avocat du ministère de la Défense, Tayeb Belloula, a confirmé officiellement le dépôt de cette plainte il y a de cela quelques jours. Contrairement aux usages nouveaux dans le cadre des plaintes en diffamation, la plainte n'est pas passée par la police, ni par le doyen des juges d'instruction, mais simplement par le procureur de la République. Il faut donc compter plusieurs jours, voire des semaines, avant que le concerné ne soit convoqué. Cela explique pourquoi un membre de la direction du parti, joint par nous au téléphone, avait indiqué avoir appris la nouvelle par voie de presse, comme tous les autres citoyens. Il avait ajouté que «les propos de Hocine Aït-Ahmed, tenu, au 22e congrès de l'Internationale socialiste au Brésil, ont été déformés puisque, à aucun moment, il n'a été question de dédouaner les groupes islamistes armés, mais simplement de dire qu'ils n'étaient pas les seuls à tuer». La même source ajoute que «de nombreuses personnes font à Alger des déclarations autrement plus graves allant dans le même sens, sans que cela n'ait jamais donné lieu à une quelconque plainte». La direction du FFS, qui estime avoir affaire à «une plainte politique», compte aller vers «un procès également politique». C'est dans le but de se préparer à ce procès que cette réunion a eu lieu. On croit savoir qu'Aït-Ahmed, qui ne compte pas inscrire sa démarche dans une quelconque logique électorale, d'où son refus de signer l'appel à la levée de l'état d'urgence, profiterait au contraire de la médiatisation de ce procès pour revenir sur le devant de la scène et accaparer les espaces cédés, aussi bien au mouvement citoyen qu'à son frère-ennemi, le RCD. On croit savoir que les militants de toutes les fédérations du pays ont reçu instruction pour se redéployer, alors que des copies agrandies du fameux appel d'Aït-Ahmed de septembre 1963 ont été élaborées sans que l'on en sache encore la destination. Dans le même temps, le FFS, dont la ligne a toujours été une réconciliation pure et dure, compte également profiter de ce procès pour remettre sur les rails bon nombre de sujets qui avaient fait florès vers le milieu des années 1990, du genre «qui tue qui?». Il ne faut pas oublier, en effet, que le leader du FFS a été l'un des principaux personnages algériens venus témoigner à décharge à Paris à la suite de la plainte de Khaled Nezzar contre Habib Souaïdia, auteur du livre La sale guerre. La classe politique, dans son intégralité, ne saurait pas non plus fermer les yeux face à cet événement majeur, qui sera sans doute le plus saillant en cette pré-campagne électorale. Beaucoup de candidats potentiels, classés comme étant de grosses pointures, pourraient assister au procès et même soutenir moralement Aït-Ahmed en demandant à témoigner. Les sympathisants de l'ANP ne manquent pas non plus dans les rangs des éradicateurs et Patriotes tels le RCD et le RND qui ont tout intérêt à ce que le FFS perdure dans son éclipse politique. Dans tous les cas de figure, la venue à Alger d'Aït-Ahmed d'ici à la fin de l'année et le procès qui va s'ensuivre seront sans nul conteste, les plus importants événements avant la présidentielle du printemps 2004. Sa venue la dessinerait même les principaux contours, levant ainsi le voile sur pas mal d'incertitudes qui planent encore sur cette échéance capitale.