Le président de ce parti ne laisse planer aucun doute sur ses intentions d'aller vers de véritables purges avant la présidentielle. Les observateurs de la scène politique ont fini par comprendre pourquoi le FFS s'est éclipsé durant les quelques mois qui ont suivi l'installation du nouveau secrétariat politique du FFS. Son président, Hocine Aït Ahmed, est le premier à en parler à «coeur ouvert», soulevant même, pour la toute première fois, les problématiques de succession et, partant, de leadership. Le FFS, comme le reconnaît lui-même son président, a déjà traversé pas mal de crises, même si celle-ci est de loin, de l'avis de Hocine Aït Ahmed, la plus grave. Ce dernier, pour la première fois, parle avec transparence des termes exacts liés à cette crise que les dirigeants nationaux du parti s'étaient toujours évertués à démentir jusqu'à la publication de cette lettre. Le président du FFS, tout en accusant ce qu'il appelle la «police politique» (un terme effacé des annales algériennes depuis les années 1980), parle ainsi de «tentatives de découpler les structures de base du secrétariat national, de dénigrement systématique de la direction nationale et du président, de la diffusion de rumeurs, de la dénaturation des véritables positions politiques du parti, de l'esprit d'équipe et des méthodes de travail rationnelles qui prévalent dans cette équipe dans le respect rigoureux des statuts du parti, des vaines tentatives de fragmentation et d'instrumentalisation des structures du parti, de l'encouragement du sectarisme politique et de l'ethnicisme rétrograde et, enfin, des tentatives d'enrôlement massif et précipité de clientèles vers les structures». Cette énumération, qui omet scrupuleusement d'évoquer la fameuse pétition initiée par des membres du conseil national mécontent du travail de l'actuel secrétariat national, annonce en clair la purge que se prépare à mener le premier responsable du FFS. On parle de figures de proue de ce parti, dont les têtes, déjà, viennent d'être «mises à prix». Il semble, nous disent des sources proches de cette formation politique, qu'une véritable purge soit en préparation. En effet, le Zaïm, qui ne cache pas son soutien à l'actuelle direction de son parti, suggère que le complot est également interne aux rangs des militants. Mais, contrairement à certaines spéculations formulées par des milieux proches du FFS, les enjeux ne concernent en rien le «congrès» puisque celui-ci n'intervient que dans une années puisque les assises de mise en conformité avec la loi de 97 n'étaient pas un véritable congrès selon les propres dires de Aït Ahmed qui avait préféré tenir son congrès une année plus tard. Les enjeux, en revanche, concerneraient avant tout la future présidentielle et la très probable course à la succession même si Aït Ahmed évacue vivement ce sujet en se montrant ferme et rassurant (un peu trop) dans sa lettre : «Je vous promets, comme disent les gens ici, que je n'ai jamais songé proposer ou pire imposer un numéro deux à la direction du FFS.» Le fait même que de pareils propos soient tenus suggère, indiquent les observateurs, que «de grands conflits ont commencé entre les cadres les plus en vue de ce parti». Le fait même que Aït Ahmed ne puisse pas se présenter à la future présidentielle pour d'objectives raisons de santé, suggère que le FFS devra songer à présenter un second candidat sous peine de jouer les seconds rôles depuis qu'un certain rapprochement s'opère entre le pouvoir et le mouvement des ârchs. Le FFS, qui a déjà dû vivre une grave crise qui l'avait grevé de huit de ses anciens députés avec pas mal de cadres et de militants de valeur, va au-devant d'un plus grand «délestage» qui risque de lui coûter cher puisque de l'avis de tous, l'actuelle direction, que soutient le Zaïm, n'a pas été apte à mettre en application les résolutions prises par le parti, notamment son redéploiement sur le terrain en prévision des futurs rendez-vous électoraux.