« Il n'y a pas de recours excessif à la détention provisoire en Algérie, puisque son taux ne dépasse pas les 10% de la population carcérale globale ». C'est ce qu'a déclaré le directeur général de l'administration pénitentiaire et de réinsertion, Mokhtar Felioune, jeudi dernier en marge de la cérémonie de distinction des récitants du Coran parmi les détenus, organisée à l'établissement de rééducation d'El Harrach. Il a qualifié d'inexacts les propos selon lesquels les prisons algériennes recourent à la détention provisoire de manière excessive. « C'est le concept même de détention provisoire qui pousse certaines parties à parler de recours excessif à cette pratique, car elles considèrent les détenus qui font appel du jugement prononcé contre eux comme détenus provisoirement », a-t-il précisé, expliquant que la personne en détention provisoire est celle qui fait l'objet d'une enquête, qui n'a pas été jugée. M. Felioune fait ainsi allusion au président de la Commission nationale consultative de promotion et de protection des droits de l'homme (CNCPPDH), Farouk Ksentini, qui a fait état à plusieurs reprises du « recours excessif à la détention provisoire » qui toucherait, selon lui, « pas moins de 30% de la population carcérale globale en Algérie ». M. Felioune a, par ailleurs, rappelé que les droits de l'Homme sont respectés dans les 130 établissements pénitentiaires du pays, lesquels comptent 55.000 détenus. Ainsi, il a signalé que l'administration pénitentiaire a ordonné de mettre à la disposition des détenus, au niveau de tous les établissements pénitentiaires, des registres de doléances qui leur permettent de soumettre leurs préoccupations directement au directeur de l'établissement, au juge d'application des peines ou au médecin principal. FORMATION DES CADRES DES ETABLISSEMENTS PENITENTIAIRES A cela s'ajoute un programme de formation qui débutera en septembre prochain en collaboration avec l'Union européenne. Selon M. Felioune, des cadres de prison, des médecins, des psychologues et autre personnel des établissements pénitentiaires bénéficieront d'un programme élargi de formation à l'intérieur et à l'extérieur du pays. Ce programme spécial comporte un plan stratégique de gestion des établissements pénitentiaires, la réinsertion des détenus, leur prise en charge sanitaire et psychologique et autres volets liés à la prison. RECEPTION DE CINQ ETABLISSEMENTS AVANT FIN NOVEMBRE Sur le plan infrastructurel, l'administration pénitentiaire se dotera avant fin novembre prochain de cinq nouveaux établissements d'une capacité globale de 7 000 places. Trois établissements (2 000 places chacun) seront réceptionnés à El Menea, Laghouat et Tiaret et deux (500 places chacun) à Bouira et Jijel. Construites conformément aux normes internationales, les trois nouvelles structures s'inscrivent dans le cadre du programme d'urgence visant à mettre fin à la surpopulation carcérale. L'établissement de Serkaji à Alger sera fermé après la réception de celui de Koléa. Outre les cinq établissements qui seront réceptionnés prochainement, 57 autres sont en cours de réalisation.