L'approche du diplomate US s'appuie sur des exposés ultrasecrets préparés par la CIA. Colin Powell, le chef de la diplomatie américaine, demanderait à l'Algérie l'envoi de ses troupes en Irak. C'est ce qui se répand dans la presse arabophone installée en Angleterre, notamment le journal Al Hayat, citant des sources américaines proches de la Maison-Blanche. Les mêmes sources indiquent que cette demande sera aussi formulée pour le Maroc et la Tunisie. Les analyses auxquelles se réfèrent ces sources affirment sans équivoque que «le chef de la diplomatie américaine en fait un objectif majeur à atteindre au terme de cette visite en Afrique du Nord». Les arguments devant convaincre les dirigeants maghrébins, gênés devant la rue hostile à l'occupation en Irak, ne manquent pas à la Maison-Blanche, indiquent-t-on. Simple coïncidence, ou fruit du hasard, en plus des propositions alléchantes portées dans la valise de Powell, la machine des ONG, des droits de l'homme, comme Human Right Watch, a été simultanément huilée. En effet, cette dernière a adressé une lettre à Colin Powell, au lendemain de l'annonce de sa visite, l'invitant à forcer la main aux dirigeants maghrébins sur la situation des droit de l'homme: «Il est crucial que vous abordiez franchement la question des droits humains propres à chacun des trois pays et que vous présentiez quels progrès pourraient être faits.» Pour l'Algérie, la question des disparus intervient en tête de liste: «Nous vous conseillons de dire à vos hôtes que s'ils veulent que cet é (le mécanisme ad hoc pour la prise en charge du dossier des disparus) aide les Algériens à tourner la page, il faut qu'elle dispose de plus de pouvoirs aussi étendus que ceux qui lui ont été donnés», indiquent les rédacteurs de la lettre. Tout en relevant une amélioration dans la situation sécuritaire et politique, la lettre a soulevé les atteintes aux libertés et les poursuites contre la presse, notamment l'affaire du journaliste Hassan Bouras, détenu à la prison d'El Bayadh. La question qui se pose est de savoir comment Powell va-t-il mettre à profit les points noirs qui entachent la situation économique et socio-politique de l'Algérie et les deux autres pays du Maghreb. La couleur a d'emblée été annoncée par le sous- secrétaire d'Etat M.William Burns lors de son dernier périple dans la région: «Pas de coopération dans la lutte anti-terroriste, pas d'aide économique et technique». L'approche de Powell s'appuie sur les exposés ultrasecrets, préparés par des conseillers de la CIA et du Conseil national américain de la sécurité. Cela dit, aucune indication infirmant cette information, n'a filtré, aussi bien du côté américain que celui des dirigeants maghrébins. En fait, il reste à convaincre les Algériens que la résistance en Irak est alimentée par des réseaux terroristes notamment ceux d'Al-Qaîda, en relation avec Saddam, selon eux. Cette thèse n'est pas trop partagée par les dirigeants du Maghreb, du moins par souci de ne pas agrandir encore plus le fossé entre eux et leur peuple. Powell devra donc peser de tout son poids pour obtenir des concessions. Par ailleurs, en plus des raisons indiquées, il y a d'autres raisons qui motivent la Maison- Blanche à solliciter la présence de l'armée algérienne en Irak La première c'est la dégradation des relations avec les pays du Golfe telle l'Arabie Saoudite, sur lesquels les Américains ne veulent pas trop compter. La seconde c'est le fait que les Irakiens peuvent ne pas se montrer allergiques aux Maghrébins contrairement au pays du Golfe considérés comme partie prenante dans l'agression subie par l'Irak. Selon les rapports soumis à la Maison-Blanche, l'Algérie se présente comme un pivot incontournable dans la lutte antiterroriste et le règlement de plusieurs conflits internationaux. Se référant à la contribution de l'Algérie dans le règlement de l'affaire Lockerby, du conflit avec l'Iran et le Soudan, les experts américains voient en l'Algérie un futur allié dans la lutte antiterroriste. A ce propos le sous-secrétaire d'Etat aux affaires du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord. M.Burns, a clairement indiqué que l'Algérie devra jouer un rôle important dans la lutte antiterroriste, en Afrique notamment. Cela a d'ailleurs donné l'occasion à certains de l'interroger sur les déclarations faites par un général américain à travers une interview diffusée sur les ondes de Voice of America et qui affirme l'intention des Américains d'installer un dispositif militaire dans les pays du Sahel et le sud de l'Algérie. Je n'ai pas eu l'occasion d'entendre ce général mais à ma connaissance les USA n'envisagent pas, jusqu'à présent, d'installer une base militaire dans le Sud algérien.