De 2005 à 2011, les pays de l'UE ont exporté vers l'Algérie près de 100 mds de dollars de biens et services La libre circulation des capitaux, supposant d'aborder la règle des 49-51%, est une des conditions essentielles de l'investissement direct étranger. Le 1er septembre 2005 l'Algérie a signé un Accord d'Association de libre-échange avec l'Europe où il était prévu le démantèlement graduel de deux listes de produits européens à l'importation en Algérie, dont l'une sera complètement démantelée en 2012 et l'autre en 2017. Le démantèlement tarifaire est reporté à 2020. Cela ne concerne pas tous les produits industriels mais certaines gammes. De 2005 à 2011, les pays de l'UE ont exporté vers l'Algérie près de 100 mds de dollars de biens et services, avec une moyenne annuelle de 20 mds de dollars, alors que les exportations algériennes, hors hydrocarbures, n'ont pas totalisé 5 mds de dollars sur la même période. Ce report à 2020 devrait permettre d'éviter une perte de 8,5 milliards de dollars de recettes de Trésor d'ici à 2017. Les divergences se sont accentuées suite aux décisions du gouvernement courant 2009 de postuler 51 pour cent aux Algériens dans tout projet d'investissement et 30 pour cent dans les sociétés d'import étrangères. Catherine Ashton, ex-commissaire européenne au Commerce, avait invoqué que l'Algérie aurait violé les articles 32, et 37, 39 et 54 de cet Accord. lors de sa visite à Alger les 6/7 juin 2010, le commissaire européen à l'Elargissement et à la Politique de voisinage, M.Stefan Füle, a indiqué que la part de l'UE dans les importations de l'Algérie a régressé au bénéfice de la Chine. Il avait souligné que si l'Algérie n'a pas tiré profit de l'Accord d'Association, c'est parce que les réformes structurelles n'ont pas été menées. Les incidences sur l'économie Les produits industriels subiront progressivement un dégrèvement tarifaire allant vers zéro horizon 2020. Avant de se lancer dans des unités pétrochimiques ou unités fonctionnant au gaz destinées à l'exportation, nécessitant des dizaines de milliards de dollars d'investissement sur fonds publics, si l'on veut éviter des problèmes avec les structures européennes et américaines à la concurrence qui peuvent interdire l'entrée de ces produits au sein de leur espace, résoudre le problème de la dualité du prix du gaz, et d'une manière générale les subventions. Aussi, outre le fait qu'il faille corriger la valeur des exportations algériennes vers l'Europe en incluant les exportations de gaz, notamment à travers les réseaux Medgaz (via Espagne) et Transmed (via Italie), il s'agit d'établir des vérités même si elles sont amères à dire, personne ne pouvant se targuer d'être plus nationaliste qu'un autre. Ainsi, comme incidences générales, ce qui précède permet de mettre en relief les principes directeurs suivants: l'interdiction du recours à la «dualité des prix» pour les ressources naturelles, en particulier le pétrole (prix internes plus bas que ceux à l'exportation); l'élimination générale des restrictions quantitatives au commerce (à l'import et à l'export); obligation de mettre en place les normes de qualité pour protéger la santé tant des hommes que des animaux (règles sanitaires et phytosanitaires). L'obligation d'observer les règles de protection de l'environnement; et la libre circulation des capitaux, supposant d'aborder la règle des 49-51% et la protection de la propriété intellectuelle qui est une condition essentielle de l'investissement direct étranger et du développement de la sphère réelle, les pays membres s'engageant à combattre le piratage, (renvoyant à la construction de l'Etat de droit et, donc, à l'intégration de la sphère informelle dominante en Algérie). Les conséquences de l'Accord sont donc reportées à l'horizon 2020: le démantèlement des droits de douane et taxes pour les produits industriels et manufacturés; les relations de partenariat entre les deux parties seront basées sur l'initiative privée. Il y a urgence d'un changement de la mentalité bureaucratique. La facilité et la fuite en avant est de vouloir imputer les causes du blocage seulement à l'extérieur, alors que le mal essentiel est en nous. La dernière enquête de l'ONS montre bien que 83% du tissu économique algérien est constitué d'entités commerçantes et de services de petites dimensions avec un dépérissement du tissu productif. Et même au niveau de la sphère réelle, la prédominance est les entités familiales, plus de 80% du tissu économique, peu initiées au management stratégique et aux rouages de la nouvelle économie internationale. Attention aux faux calculs: sur les 50% dans le Produit intérieur brut hors hydrocarbures, ou les 6% de croissance invoqués par les officiels, plus de 80% étant eux-mêmes tirés par la dépense publique via les hydrocarbures, ce qui donne aux entreprises créatrices de richesses publiques ou privées (souvent endettées vis-à-vis des banques publiques) une part négligeable, le blocage étant d'ordre systémique. La baisse de la salarisation depuis plus de deux décennies au profit des emplois rentes (moins de 20% du PIB) traduit la prédominance de l'économie rentière et la faiblesse de la dynamique de l'entreprise créatrice de valeur ajoutée. Les infrastructures n'étant qu'un moyen, l'expérience récente malheureuse de l'Espagne du fait de la crise actuelle, avec l'effritement de son économie (taux de chômage en 2012 de plus de 20%) qui a misé sur ce segment doit être médité attentivement par les autorités algériennes. Je pense qu'il faille cerner les causes fondamentales de la faiblesse pour ne pas dire la nullité de l'investissement hors hydrocarbures. Aussi, pour pouvoir attirer les investissements porteurs, le gouvernement algérien devrait donc mettre en place des mécanismes de régulation afin dattirer des investisseurs porteurs, évitant des changements périodiques de cadres juridiques, des actions administratives bureaucratiques non transparentes source de démobilisation et qui risquent de faire fuir les investisseurs sérieux qu'ils soient locaux ou étrangers. Les entreprises seront-elles concurrentielles? L'essence du blocage réside en Algérie au système bureaucratique que je qualifie de terrorisme bureaucratique, produit d'une gouvernance tant centrale que locale mitigée renvoyant au politique, qui produit d'ailleurs la sphère informelle fonctionnant dans un Etat de non-droit qui accapare 40% de la masse monétaire en circulation, contrôle 65% des segments de produits de première nécessité, existant des liens dialectiques entre l'extension de cette sphère et la logique rentière, de la sclérose du système financier lieu de distribution de la rente, de la faiblesse d'un marché foncier libre et enfin d'un système socio-éducatif inadapté, les universités actuellement étant une usine à produire des chômeurs, mais dont la responsabilité première du bas niveau est à rechercher au niveau du primaire, les CEM et le secondaire, ayant une école sinistrée. Tout cela renvoie au manque de cohérence et de visibilité dans la démarche de la politique socio-économique qui freine non seulement les investisseurs étrangers mais également les investisseurs locaux sérieux qui peuvent accroître la valeur ajoutée interne et pas seulement se focaliser dans des investissements spéculatifs à court terme. En bref, il faut reconnaître que l'objectif stratégique de l'Algérie est de diversifier son économie n'ayant presque rien à exporter hormis les hydrocarbures, reflété par le taux modique d'exportation hors hydrocarbures. En conclusion, l'ouverture des frontières et la spécialisation accrue suscitée par la mondialisation s'imposent de nos jours à tous les pays, l'Algérie comprise. Tout en soulignant l'importance de l'intégration du Maghreb au sein de l'espace euro-méditerranéen, pont entre l'Europe et l'Afrique, comme facteur d'adaptation à la nouvelle configuration géostratégique mondiale. La mise en place de mécanismes transparents dans la gestion des affaires, l'implication de l'ensemble des segments pour une société plus participative et citoyenne, la valorisation du savoir, une bonne gouvernance, sont les conditions fondamentales pour éviter que la puissance publique soit utilisée à des fins d'enrichissements privés. Cette vision nouvelle, impliquant une nouvelle mentalité culturelle et une profonde moralité de ceux qui dirigent la Cité, suppose des réformes au niveau intérieur tant politique, social qu'économique. Cela doit être sous-tendu par une bonne gouvernance et un Etat de droit, qui peut ne pas recouper dans une première phase, l'instauration de la démocratie. Cela montre l'urgence d'une production et exportation hors hydrocarbures, une action pour plus de cohésion sociale évitant cette concentration injuste de la répartition de la rente renvoyant à une lutte concrète contre cette corruption qui s'est socialisée. Une autre politique salariale inexistante à ce jour est urgente afin de favoriser le travail, le savoir, fondement de la dynamique de l'entreprise supposant des réaménagements dans les structures du pouvoir existant, un lien dialectique entre la logique rentière et l'extension de la sphère informelle spéculative. C'est la condition d'atténuation du chômage et de la pauvreté et donc des tensions sociales afin de mettre fin à ce paradoxe d'aisance financière et d'accroissement de la pauvreté de la majorité de la population algérienne avec ce retour à l'inflation, malgré des saupoudrages de versements de traitements sans contreparties productives pour calmer le front social, des dépenses improductives croissantes, expliquant l'épuisement croissant dans le Fonds de régulation des recettes qui risquent de s'épuiser à terme. L'Algérie étant toujours dans cette interminable transition depuis 1986, ni une économie administrée, ni une économie de marché, d'où les difficultés de régulation, les réformes étant bloquées ou timidement faites avec incohérence lorsque le cours des hydrocarbures s'élève. Aussi, l' Algérie, si elle veut bénéficier de cet Accord, doit créer des conditions favorables au développement en levant les contraintes d'environnement devant favoriser l'épanouissement de l'entreprise, seule source de création de richesses, permanentes et son fondement la valorisation du savoir renvoyant à l'urgence d'une gouvernance rénovée donc à la refonte de l'Etat dont les fonctions nouvelles tenant compte d'une économie ouverte ne peuvent être celles d'un Etat jacobin (centralisation bureaucratique), impliquant une participation plus citoyenne au sein d'un Etat de droit. Toute la question est de savoir si le gouvernement engagera des réformes de structures nécessaires afin de permettre la dynamisation des opérateurs économiques publics et privés dans un cadre concurrentiel. Sans une autre politique, le blocage étant d'ordre systémique, trois années de report ne solutionneront rien.