Le gouvernement semble décidé à ne pas faire marche arrière. Le ministère de l'Education nationale a adressé une directive à l'Académie d'Alger et à l'ensemble des directions de l'Education à travers le territoire du pays, les instruisant d'appliquer les sanctions prévues par la loi contre les enseignants grévistes. La note signée par le secrétaire général du ministère, M.Teboune, portant le numéro 1120, dresse «une série de mesures à entreprendre, avec sérénité, afin de garantir la reprise des cours». Le ton sévère qui caractérise le document renseigne sur la volonté de la tutelle d'en finir une fois pour toutes avec cette grève qui paralyse les lycées depuis la rentrée scolaire. A ce sujet, il est exigé des directeurs des établissements de communiquer à l'ensemble des enseignants grévistes, par l'intermédiaire d'une note écrite, la mesure de radiation, la tutelle considérant les enseignants en arrêt de cours comme en abandon de poste. «La décision doit être prise dans les plus brefs délais», stipule la note. Les grévistes sont appelés aussi à «quitter immédiatement» les lycées. Les rassemblements sont strictement interdits. Il est, dans ce sens, demandé aux walis de mettre en place le dispositif nécessaire afin de disperser «les manifestants». La tutelle, «consciente de l'extrême gravité de la situation», semble donc déterminée à aller jusqu'au bout de sa réflexion. La note sus-citée constitue un autre message aux «instigateurs» du mouvement de grève, ayant douté de la capacité de la tutelle à mettre à exécution ses menaces. L'on note que MM.Osmane Redouane et Méziane Mériane, respectivement secrétaire général du Cla et coordinateur du Cnapest, ont estimé que le ministère ne pourra pas remplacer les 60.000 PES, et que cette opération risque de mener le secteur vers une année blanche certaine. Ces derniers ont même menacé de ne pas effectuer des cours de rattrapage si la Fonction publique, exhortée par le département de Benbouzid, vient à appliquer les sanctions. Mais la directive du ministère de l'Education nationale est très claire concernant justement cet aspect, puisqu'elle détermine en détail les modalités de recrutement. L'administration sera, par ailleurs, face à un embarras, sachant que les grévistes ont refusé en bloc de signer le PV de radiation distribué au niveau des lycées. Cela étant, au ministère de l'Education, le ton est ferme. «Le gouvernement a pris une décision qu'il tient à mettre à exécution en cas de non-reprise des cours», nous a affirmé hier M.Boumaâraf, chargé de la communication au ministère. Et d'ajouter: «Nous avons accordé le temps nécessaire aux enseignants pour réviser leurs positions, en vain. Aujourd'hui, chacun doit assumer ses responsabilités.» Logiquement donc, les enseignants ayant répondu au mot d'ordre de grève seront considérés comme «licenciés», ces derniers seront interdits d'accès à leurs établissements à partir d'aujourd'hui. Leur nombre dépasse les dizaines de milliers, selon les informations recueillies. La journée d'aujourd'hui sera décisive pour ce vaste mouvement de débrayage.