La tutelle revient à de meilleurs sentiments Le ministère de l'Education nationale a réitéré hier son appel à l'adresse des enseignants pour rejoindre leurs postes ; en contrepartie, ce dernier s'engage à bloquer les mesures de radiation contre les grévistes et à annuler celles déjà prises à l'encontre d'une partie d'entre eux. «Nos portes resteront ouvertes et nous sommes disponibles à accueillir les profs qui décident de reprendre les cours», a affirmé hier le secrétaire général au niveau de la tutelle, M. Teboune, dans une conférence de presse. A l'adresse de ceux qui doutent de cet engagement, il affirme que des centaines de professeurs ont déjà bénéficié de cette mesure, citant à titre d'exemple, les wilayas de Sétif, d'Oran et d'Alger. Le discours de M.Teboune se voulait conciliant, se démarquant presque des déclarations, on ne peut plus tranchantes, du Chef du gouvernement qui a déclaré que «les sanctions seront appliquées comme prévu». Le conférencier a fait savoir que la tutelle donnera une deuxième chance aux grévistes, sans pourtant préciser la durée de ce nouvel ultimatum. Tout au moins, «il est clair que l'année scolaire ne peut s'étendre que sur une année, donc les professeurs devront trancher dans les plus brefs délais afin de sauvegarder l'intérêt des élèves. Dans le cas contraire, nous serons dans l'obligation d'entamer les opérations de recrutement», a précisé l'orateur. Sur sa lancée, M.Teboune a tenu à préciser que les avis de radiation ne constituent pas une décision de licenciement. «C'est une mesure administrative que nous étions contraints d'appliquer suite aux décisions prises en Conseil du gouvernement», et d'ajouter : «Nous sommes conscients que les choses ne pourraient pas rentrer dans l'ordre du jour au lendemain.» Le ministère défend la décision relative au refus d'accès des établissements aux grévistes. «Ceux qui ont l'intention de reprendre les cours seront les bienvenus, mais les grévistes n'ont aucune raison d'être à l'intérieur des écoles», atteste-t-il. Autre geste «de bonne volonté» de la part de la tutelle, le conférencier précise que des instructions ont été données aux directions de l'éducation pour annuler les retenues sur traitemens, prévues pour ce mois-ci, pour les professeurs qui ont repris les cours. Quel sort sera-t-il réservé aux nouvelles recrues dans le cas où les enseignants se rétracteraient, décidant de reprendre le chemin des lycées? «Ces derniers préserveront quand même leurs postes», répond l'orateur, précisant que «pour le moment, la tutelle n'a pas tranché sur les affectations», sans pour autant donner des détails sur les démarches à entreprendre. Par ailleurs, M.Teboune refuse de parler de «suppléants», dans la mesure où ces derniers seront définitivement recrutés et bénéficieront des mêmes droits que leurs prédécesseurs. Sur un autre chapitre, le ministère semble passer à «la deuxième phase», en préparant le programme de rattrapage des cours non assurés dans les lycées en raison évidemment des grèves. «Nous sommes passés à cette étape après avoir constaté que la majorité des écoles ont repris», argumente M.Teboune, lequel avance un taux de reprise avoisinant les 85 % à travers le territoire national. Dans la capitale, ce taux s'élève à 50%. Le projet, qui «sera enrichi» en collaboration avec les partenaires, présente deux alternatives. La première consiste en la révision du système des trois trimestres et la mise en place d'un planning spécifique aux lycées avec la réduction de la période des congés et la révision de la date des vacances d'été. Le deuxième choix prévoit l'allongement de l'année scolaire jusqu'aux mois de juin ou juillet. Et dans les deux cas, la date du baccalauréat sera revue. «Nous n'avons pas la prétention de rattraper les huit semaines, mais des calculs très précis ont été faits et nous sommes convaincus que ce programme sera bénéfique pour les élèves», confie le SG du ministère de l'Education. Par ailleurs, ce dernier a réitéré «l'aspect politique» de la grève. En précisant que cette manipulation a atteint aussi les élèves mécontents qui semblent être très mal informés de la situation. Enfin, abordant les trois préalables du CLA et du Cnapest pour annuler la grève, M.Teboune renonce à son ton conciliant, et affirme que «les deux organisations ne sont pas en position d'imposer des conditions».