Il maintient son discours de nature à pousser au pourrissement et déclare à qui veut l'entendre : “On ne discute pas avec des syndicats illégaux”. Le ministre de l'éducation nationale, M. Boubekeur Benbouzid, persiste et signe. En dépit de la forte adhésion des enseignants au mouvement de grève décidé par les deux structures syndicales, le conseil des lycées d'Alger (Cla) et le Conseil national autonome des professeurs de l'enseignement du secondaire et technique (Cnapest), celles-ci demeurent toujours des interlocuteurs “non crédibles” à ses yeux. Un peu à l'image du dialogue “taiwan” engagé avec les archs par le gouvernement Benflis, Benbouzid a préféré ouvrir le dialogue à des structures affiliées à l'UGTA, en l'occurrence l'Union nationale des personnels de l'enseignement et de la formation (Unpef) et la Fédération nationale des travailleurs de l'éducation (FNTE). C'est ainsi qu'une rencontre entre ces deux syndicats et le ministère aux fins d'étudier les problèmes socioprofessionnels des enseignants du secondaire s'est ouverte hier, à l'hôtel Sable d'Or, à Zéralda. Dans leurs différentes interventions, les délégués syndicaux de chaque wilaya ont exposé les diverses préoccupations qui touchent les enseignants en général. En réponse à leurs doléances, le ministre de l'éducation nationale a promis la mise sur pied d'un groupe de travail composé de trois ateliers, qui seront opérationnels à partir de samedi prochain. Le premier s'occupera de l'étude du dossier de l'augmentation de salaire, le deuxième se chargera du statut de l'enseignant qui évoluera dans le cadre de la nouvelle loi de la Fonction publique. Le troisième se penchera sur la réforme du système de l'éducation. Il est à signaler que ces derniers seront ouverts aux professeurs affiliés au syndicat de l'UGTA. “L'enseignement sera restructuré de fond en comble. Nous allons soumettre ces dossiers au gouvernement est c'est à lui de statuer”, a déclaré le ministre de l'Education nationale, lors de la conférence de presse qui a eu lieu, hier, au même endroit. Benbouzid refuse de dialoguer avec les deux conseils (Cla et Cnapest) et lance un énième appel “à la sagesse” aux professeurs grévistes. “Je ne peux dialoguer avec des syndicats illégaux, et nous ne céderons pas sous la menace et la pression. J'appliquerai la loi dans toute sa rigueur”, ajoute-t-il. Néanmoins, le ministre se dit prêt à dialoguer avec un groupe d'enseignants non affiliés. Concernant la suspension des professeurs, le premier responsable de l'éducation s'engage à étudier les dossiers des enseignants dépendant de l'UGTA touchés par l'arrêt punitif. “Notre objectif est l'élève avant tout. Le ministère a ouvert le dialogue, c'est aux ensei-gnants d'assumer leurs respon-sabilités”, conclut Benbouzid. N. A. Appel à la poursuite de la grève Pendant que le ministère de l'Education nationale tente de dialoguer avec les syndicats affiliés à l'UGTA, le Conseil des lycées d'Alger (CLA) a déclaré la reprise de la grève ouverte du 25 au 31 octobre. Ce dernier a décidé de déposer des plaintes contre le ministère de l'Education nationale et l'Académie d'Alger, pour diffamation et illégalité des actes administratifs. En outre, il a demandé la prise en charge financière de tous les enseignants suspendus. La base considère que la violence extrême de l'offensive contre les délégués des enseignants du secondaire, ajoutée au ralliement d'appareils syndicaux en faveur d'un ministère hostile au dialogue et aux libertés syndicales, révèle que le mouvement de grève des professeurs du secondaire a ébranlé la féodalité administrative. Par ailleurs, le CLA pense que le dialogue entamé, hier, par le ministère de l'Education nationale avec la FNTE et l'Unpef est une coalition clientéliste, sous des apparences de médiation de la dernière heure, destinée à masquer l'implication directe du ministre de l'éducation dans le pourrissement de la situation. Notons que la chambre administrative de la cour d'Alger s'est déclarée incompétente de juger l'affaire opposant l'inspection académique de la wilaya d'Alger à M. R. Osmane, secrétaire général du CLA. “Je considère ce verdict comme une première victoire contre le ministère de l'Education nationale”, déclare M. R. Osmane. N. A.