La délégation a rencontré jeudi l'avocat des ex-détenus de ces wilayas. La délégation de Human Rights Watch (HRW) était jeudi dernier chez l'avocat des ex-détenus de Ghardaïa et de Ouargla, Me Noureddine Ahmine. Objectif : en savoir plus sur les évènements qui ont secoué les deux wilayas de Ouargla et de Ghardaïa en 2004. Abordant en premier lieu les évènements de Ouargla, la délégation de cette organisation non gouvernementale (ONG) américaine de défense des droits de l'Homme, basée à New York et composée de trois membres (deux experts et un membre permanent auprès de HRW), “a voulu connaître la chronologie des évènements ayant eu lieu dans cette wilaya ainsi que la manière dont se sont déroulés les procès”, dira Me Ahmine. “Je leur ai expliqué que les condamnations de onze personnes durant ces évènements étaient basés sur un dossier vide et des motifs légers”, argue-t-il. Les détenus de Ouargla ont, pour rappel, été condamnés début juin 2004 pour activité dans une association non agréée, en l'occurrence le mouvement citoyen du Sud, ainsi que pour distribution de “tracts attentant à l'intérêt national”. Les “tracts” en question étaient en fait “un communiqué” dans lequel les habitants de différents quartiers de Ouargla lançaient un appel à ne pas payer les factures d'électricité, excessivement chères selon eux, tant que les prix ne seraient pas revus à la baisse. “La consommation élevée de l'électricité durant l'été chez les habitants du Sud n'à rien avoir avec l'intérêt national”, expliquera Me Noureddine Ahmine à la délégation de Human Rights Watch, chapeautée par Ricky Goldenstein, directeur de recherche au sein de cette ONG, chargé du dossier de la région Moyen-Orient/Afrique du Nord. Aux yeux de Me Ahmine, l'attitude des pouvoirs publics par rapport aux militants du mouvement des citoyens du Sud “n'est en fait qu'un prétexte pour jeter les gens en prison”. Les évènements de Ghardaïa d'octobre 2004 ont également polarisé l'attention de Human Rights Watch. Revendiquant un maximum d'informations sur le déclenchement de ces évènements, Me Ahmine précisera à la délégation qu'“il y a eu d'abord une provocation des commerçants à la veille du mois de Ramadhan, avec la création d'une commission de contrôle mixte des prix accompagnée d'une rumeur selon laquelle l'absence de factures chez un quelconque commerçant l'exposerait à la saisie de sa marchandise”. “Contrairement aux trabendistes d'à côté qui ne sont jamais inquiétés, les commerçants de Ghardaïa qui sont en règle se sont vus menacés et ont donc décidé de fermer leur commerce puis demandé à rencontrer le wali”. “Au lieu que les autorités les reçoivent, on leur a envoyé la force publique”, expliquera encore Me Ahmine. Les arrestations opérées ont touché “y compris des gens qui se trouvaient loin des manifestations”, affirmera l'avocat, citant le cas du Dr Kameledine Fekhar, secrétaire fédéral du Front des forces socialistes (FFS) et militant de la Ligue algérienne pour la défense des droits de l'Homme (LADDH). Rappelant les lourdes peines de prison prononcées contre une trentaine de manifestants, Me Ahmine commentera : “Les évènements de Ghardaïa sont l'exemple type de l'arbitraire.” NADIA MELLAL