Ahmed Ouyahia a annoncé hier, par le biais d'un communiqué, l'engagement du gouvernement à “prendre en charge les incidences de la crise”. Les délégués non dialoguistes évoquent un ”dialogue taiwan II”. Le gouvernement Ouyahia a réitéré, hier, son appel au dialogue à l'adresse de l'aile de Bélaïd Abrika, amoindrie par une large dissidence depuis plusieurs mois déjà. Dans un communiqué rendu public, le chef de l'Exécutif, qui “prend acte de la déclaration en date du 12 décembre 2003, sanctionnant une nouvelle rencontre de l'interwilayas”, renouvelle son “engagement à prendre en charge les incidences de la crise dans le cadre du dialogue” attendu, tout comme il a montré sa “disponibilité à aborder la question de ces incidences dès l'ouverture du dialogue pour la mise en œuvre de la plate-forme d'El-Kseur”. En gage de volonté, annonce le communiqué du gouvernement, Ouyahia “a instruit la direction général de la Sonelgaz ainsi que les employeurs publics concernés à préparer des mesures à même, d'une part, de solutionner le contentieux en question et, d'autre part, de permettre la réintégration des travailleurs du secteur public, licenciés du fait des tragiques évènements de l'année 2001”. Dans le cadre des ces mesures, “une demande a été également introduite par le biais du ministère de la justice auprès des parquets concernés, en vue de l'adaptation au climat destiné à entourer favorablement le déroulement du dialogue”. Ouyahia appelle les dialoguistes à lui communiquer la composition de leur délégation et à convenir avec lui de la date de l'ouverture du dialogue. Ces interlocuteurs en Kabylie vont-ils répondre à cette énième sortie du chef du gouvernement, alors que l'ultimatum qu'ils lui ont fixé a expiré il y a une semaine, jour pour jour ? L'aile d'Abrika, déjà très contestée dans la région pour avoir jeté aux oubliettes la plate-forme d'El-Kseur, remplacée par un document dit de “mise en œuvre”, rejeté par 37 coordinations des archs et pas des moindres, aura du pain sur la planche, tant le dialogue que certains affublent désormais de “dialogue taiwan, acte II” est contesté dans la forme et dans le fond. Ceux qui sont aujourd'hui conviés à la table des négociations n'ont, en fait, plus rien à faire valoir. Ils le savent très bien d'ailleurs, car ils ont été contraints d'abandonner en cours de route plusieurs préalables, plutôt, plusieurs “incidences”, telles que la révocation des indus élus et la cessation du harcèlement judiciaire contre la presse. Et pourtant ! Ce sont même là quelques-unes des principales revendications du mouvement citoyen au summum de sa cohésion. À chaque époque ses propres mœurs. La régression politique, sociale et économique dans laquelle certains veulent confiner la Kabylie ne peut, en fait, produire que ce genre d'errements. Et la volonté, d'ailleurs, de tirer un trait sur les partis politiques implantés dans la région, qui ont tenté d'empêcher un éventuel retour à la normale, découle de cette logique suicidaire qui tend à faire le jeu de ceux qui veulent aller jusqu'à remettre en cause le principe même du pluralisme politique dans le pays. Que peut, par ailleurs, attendre une population qui a payé cher sa colère contre l'injustice et sa soif de liberté, d'un groupe de dialoguistes à la représentativité sérieusement controversée ? Bélaïd Abrika et son groupe, qui ont réuni contre vents et marées, une Interwilayas dépourvue de toute légitimité du fait du retrait de toutes ses coordinations les plus représentatives, ont fini par vider le mouvement de toute sa substance. L'objectif est devenu très clair au fil du temps. Après avoir renoncé aux préalables, les dialoguistes se sont précipités à annoncer le rejet de la prochaine élection présidentielle en Kabylie, une position classée stratégique par les archs et soumise à débat à chaque fois que la situation le dicte, alors qu'ils ont déjà accepté le principe de ne pas révoquer les indus élus. Quelle contradiction ! Voilà pourquoi, en fait, la Kabylie soupçonne que derrière ce dialogue, il y a un deal dont elle n'arrive pas à saisir tous les contours. Mais une chose est sûre, continuer à la maintenir en marge de la vie politique du pays comme l'escompte le trio Bouteflika-Ouyahia-Zerhouni, c'est la mener droit vers le chaos. S. R. Communiqué des services du chef du gouvernement Les services du chef du gouvernement ont rendu public, hier, le communiqué suivant : “Le chef du gouvernement prend acte de la déclaration en date du 12 décembre 2003, qui a sanctionné une nouvelle rencontre de l'interwilayas des archs. Il confirme sa déclaration du 2 décembre dernier, l'engageant à prendre en charge les incidences de la crise dans le cadre du dialogue attendu, tout comme il indique sa disponibilité à aborder la question de ces incidences, dès l'ouverture du dialogue pour la mise en œuvre de la plate-forme d'El-Kseur. En gage de bonne volonté, le chef du gouvernement a instruit la direction générale de la Sonelgaz ainsi que les employeurs publics concernés à préparer les mesures à même, d'une part, de solutionner le contentieux Sonelgaz et, d'autre part, de permettre la réintégration des travailleurs du secteur public, licenciés du fait des tragiques évènements de l'année 2001. Le chef du gouvernement a également introduit, par le biais du ministre de la justice, garde des Sceaux, une demande auprès des parquets concernés en vue de l'adaptation au climat destiné à entourer favorablement le déroulement du dialogue, des mesures de contrôle judiciaire en vigueur, à l'encontre des délégués du mouvement des archs. C'est donc dans ce contexte que le chef du gouvernement réitère son appel aux archs à lui communiquer la composition de leur délégation et à convenir avec lui de la date d'ouverture du dialogue pour la prise en charge des incidences de la crise et pour la mise en œuvre de la plate-forme d'El-Kseur.”