Le report d'hier relance de nouveau le suspense dans la crise qui secoue le FLN. «Nous sommes étonnés par le déroulement de cette affaire», a-t-on commenté, au niveau de la direction légaliste du vieux parti en apprenant la date de ce report qu'ils jugent trop proche. «Aucune justification n'a été donnée sur les raisons qui ont motivé ce délai d'une semaine», ajoute-t-on en précisant que l'affaire n'a pas été appelée dans l'ordre chronologique mais laissée jusqu'à la fin de l'audience «pour éviter toute protestation de la défense». Le président de la chambre administrative près la cour d'Alger a refusé, hier, d'accéder à la demande d'un délai d'un mois demandé, renvoyant ainsi l'affaire d'invalidation ou non du 8e congrès à la semaine prochaine. Comme lors de l'audience du 19 octobre, la première, le procès d'hier, n'a pas duré plus d'une dizaine de minutes. «Cette affaire a le privilège d'avoir un traitement spécial alors qu'elle devait être renvoyée de plusieurs mois», ajoutent les mêmes sources. L'inquiétude de la direction du FLN est motivée, selon M.Sallat, membre du bureau politique et chargé par son parti de suivre le dossier, par deux principales raisons: «La première, explique-t-il, est due au fait que nous n'avons pris connaissance du dossier qu'aujourd'hui (hier Ndlr) ce qui implique, en principe, un temps conséquent à accorder à notre défense pour se préparer; la seconde, ajoute-t-il, tient à la nécessité de rassembler toutes les pièces justificatives pour contrecarrer les arguments avancés par les plaignants, des documents que nous devons rassembler au niveau de 54 kasmas du pays.» Ce rythme «anormal» fait craindre justement à M.Sallat «une autre instrumentalisation de la justice et d'éventuelles pressions sur les magistrats». Cependant, il précise que «ce ne sont pas les preuves et les arguments qui nous manquent pour contrecarrer nos adversaires» espérant par ailleurs que «le jugement soit fait dans le cadre de l'impartialité». Le report d'hier relance de nouveau le suspense dans la crise qui secoue le FLN depuis huit mois. Cette nouvelle donne laisse en effet dans l'expectative la plus totale les animateurs du mouvement de redressement et à un degré moindre, les partisans de Benflis. Quoique sûrs de leurs atouts sur le terrain de la bataille juridique, la direction légaliste du FLN aurait souhaité que le procès se tienne après le mois en cours pour tenir la dragée haute au mouvement de Belkhadem. Ce dernier replace son action dans un cadre strictement politique en multipliant les sorties sur le terrain et abandonne de ce fait l'option de la justice. Mais ce n'est pas pour autant qu'un procès en sa défaveur ne sera pas sans conséquence sur le mouvement de redressement. Déjà qu'il peine à fixer la date officielle de la tenue de son congrès «réunificateur», des fissures commencent à ébranler un édifice échafaudé à la hâte.