Le report à samedi prochain du procès qui devait se dérouler hier, constitue un autre fait curieux. Un nouvel élément vient se rajouter au procès intenté à la direction légaliste du FLN par le mouvement de redressement. D'anciens membres du comité central, des ministres et vraisemblablement des militants de première heure ont intenté une action en justice pour intervenir dans le procès. Parmi ces personnalités, on retrouve notamment MM.Abada, Djeghaba et Abdelkader Bounekraf ancien ministre de l'Habitat. «Ces personnalités auront leur mot à dire puisqu'elles ont été citées ou concernées de près ou de loin par ce procès», a affirmé Abdelkader Sallat, membre du bureau politique. Cette donne vient s'ajouter au labyrinthe déjà compliqué du procès d'invalidation ou non du 8e congrès. Il est évident que cette sortie de la vieille garde du FLN, confortera le secrétaire général du FLN dans son combat. Tout au moins c'est un appui politique de taille qui échappe au mouvement de redressement à la recherche de ce genre de «pointures» pour consolider l'argument de «l'exclusion des militants du parti orchestrée pendant et avant la tenue du 8e congrès». La manifestation, et plus précisément maintenant, d'anciens membres du comité central extérieurs à la direction du parti de Benflis laissent entendre que les rapports de force ont quelque part changé. Il faut dire que les occasions ne manquaient pas et le FLN a traversé de très graves zones de turbulences pour susciter la réaction de ces militants. En d'autres termes, les personnalités demeurées dans l'expectative durant tout ce temps commencent maintenant à se déterminer à la faveur de ces nouveaux rapports. Mais en plus de ce nouvel élément porteur de plusieurs interrogations, le fait pour le moins curieux est le report du procès qui devait se dérouler hier. A la veille du procès, la direction du parti majoritaire a été destinataire d'une convocation lui signifiant que l'audience sera reportée jusqu'à la journée du samedi. La chambre administrative auprès de la cour d'Alger devait noter hier, que la direction légaliste a répondu aux accusations retenues contre elle et inviter la partie adverse, à prendre connaissance de ces réponses. Pourquoi la justice a-t-elle satisfait une demande qu'elle avait rejetée il y a à peine une semaine? Le jour de la première audience, le président de la chambre administrative près la cour d'Alger a refusé d'accéder à la demande de la défense du FLN pour prolonger d'un mois la date du procès. «Aucune justification n'a été donnée sur les raisons qui ont motivé ce délai d'une semaine», a déclaré Abdelkader Sallat, le 2 décembre dernier, à ce propos en précisant, le même jour, que l'affaire n'a pas été appelée dans l'ordre chronologique mais laissée jusqu'à la fin de l'audience «pour éviter toute protestation de la défense». Dans sa réaction, M.Sallat n'a pas laissé de doute sur le flou qui caractérise le déroulement du procès: «Cette affaire a le privilège d'avoir un traitement spécial alors qu'elle devait être renvoyée de plusieurs mois.» D'autre part, la direction du FLN a contesté le fait que la justice ne lui ait pas laissé le temps qu'il fallait pour rassembler toutes les pièces dans les 48 wilayas du pays, avant l'audience du 2 novembre. «On nous a notifié les documents du ministère de l'Intérieur 72 heures avant la tenue de l'audience.» La visibilité devient aussi floue que celle qui caractérise actuellement le champ politique national. Aussi devient-il impossible de spéculer par rapport à l'issue de ce conflit engagé dans le labyrinthe judiciaire. Comme si la scène politique se trouve suspendue à la crise qui secoue le vieux parti. La décantation ne semble pas s'opérer, du moins au sein des courants traditionnels majeurs, tant que cette crise demeure tant les éventualités sont nombreuses. En attendant, c'est le mouvement de redressement qui risque de subir les revers de ces «tergiversations». Il n'est un secret pour personne que le cercle de Belkhadem soutient le président de la République pour l'obtention d'un deuxième mandat. Mais les lenteurs constatées dans la destitution de M.Benflis ne plaident pas en faveur du mouvement. En témoignent d'ailleurs, les divergences au sein même des redresseurs sur l'attitude à adopter face à la décision de justice enclenchée il y a des mois, pour invalider le 8e congrès. M.Daâdouaâ, membre du comité de redressement, nous a affirmé que «les plaintes ont été déposées à titre individuel par des militants mécontents et, de ce fait, l'issue du procès n'a rien à voir de près ou de loin avec la tenue du congrès rassembleur qui interviendra avant la fin du mois de décembre». La même affirmation a été à chaque fois répétée par le coordinateur mouvement M.Belkhadem. Abdelkader Hadjar, et à un degré moindre Si Affif, expriment un avis contraire en soutenant que le congrès ne sera pas organisé avant que la décision de justice ne soit rendue.