Les massacres de Sabra et Chatila sur lesquels la «communauté internationale» n'a jamais enquêté et établi le rôle d'Israël dans ce génocide (Photo archives) Il y a 30 ans, le monde découvrait avec effroi les images de centaines de femmes, d'enfants et de vieillards assassinés et mutilés par des miliciens chrétiens alliés à Israël dans les camps de réfugiés palestiniens de Sabra et Chatila. Septembre 1982: le Liban est en plein guerre civile (1975-1990), et le sud du pays a été envahi trois mois plus tôt par Israël, officiellement dans le but de faire cesser les attaques de l'Organisation de libération de la Palestine (OLP). L'OLP est alors alliée aux milices libanaises à majorité musulmane ainsi qu'à l'armée syrienne entrée en 1976 au Liban, tandis que l'Etat hébreu s'est associé aux milices chrétiennes comme les puissantes Forces libanaises (FL) de Béchir Gemayel. Elu président du Liban en août, M.Gemayel, adulé par les chrétiens du pays, est assassiné le 14 septembre dans un attentat à la bombe revendiqué par un parti prosyrien. L'armée israélienne invoque cet assassinat pour pénétrer dans le secteur ouest de Beyrouth, à majorité musulmane, en violation d'un accord conclu sous médiation américaine sur l'évacuation du Liban des combattants de l'OLP. Israël affirme vouloir «empêcher des effusions de sang et des actes de vengeance» après l'assassinat de M.Gemayel et combattre des terroristes embusqués dans la zone. Mais le 16 septembre au soir, des miliciens chrétiens, aidés par l'armée israélienne qui tire des fusées éclairantes, entrent dans les camps de Sabra et Chatila, à la périphérie sud de Beyrouth, où ne reste que la population civile après le départ des combattants de l'OLP en vertu de l'accord. Pendant trois jours, dans un black-out total, les miliciens massacrent sans que l'armée israélienne déployée autour du camp n'intervienne. Le 19, des images insoutenables de corps amputés, éventrés, de nourrissons écrasés et d'animaux abattus bouleversent l'opinion mondiale. Le carnage fait entre 800 et 2000 morts civils, selon les estimations, dans ces camps qui abritaient près de 8000 réfugiés. En Israël, une commission d'enquête attribue en 1983 la «responsabilité personnelle» mais «indirecte» des massacres à Ariel Sharon, alors ministre de la Défense, lui reprochant de ne pas les avoir ni prévus ni empêchés. Il est alors forcé à la démission. La commission attribue en revanche la responsabilité directe à Elie Hobeika, chef des renseignements des FL, qui ont toujours gardé le silence sur la tuerie. En juin 2001, 23 rescapés portent plainte pour crimes de guerre, crimes contre l'humanité et actes de génocide contre M.Sharon, devenu Premier ministre. La plainte est déposée en Belgique en vertu d'une loi accordant une «compétence universelle» aux tribunaux belges pour ce type de crimes. Mais la loi est abrogée en 2003 et la justice belge abandonne les poursuites. Ariel Sharon a depuis sombré dans un profond coma à la suite d'une attaque cérébrale en 2006. Sabra est devenu un quartier populeux où vivent essentiellement des ouvriers étrangers et des Libanais chiites. Chatila compte en revanche encore quelque 8 300 réfugiés, selon une agence de l'ONU.