La France est en état d'alerte, depuis la publication, hier par Charlie Hebdo de caricatures sur le prophète Mohamed (Qsssl). De crainte de manifestations violentes, un imposant dispositif sécuritaire a été déployé aux alentours des ambassades étrangères en France, ainsi que dans pas moins d'une vingtaines de pays arabes et musulmans. Les écoles françaises en Tunisie seront fermées jusqu'à lundi prochain. Avec ce nouvel épisode, la France est face à une situation explosive, notamment après que des associations religieuses aient annoncé un rassemblement à la place de la Concorde. Sur un autre chapitre, le débat entre liberté d'expression et responsabilité bat son plein, aussi bien au sein de la classe politique que du Mouvement associatif français. Ainsi, alors que le monde musulman s'embrase après la diffusion d'un film islamophobe aux Etats-Unis, sous prétexte de la liberté d'expression, l'hebdomadaire français Charlie Hebdo récidive en publiant hier, des caricatures du Prophète Mohamed (Qsssl), rajoutant ainsi de l'huile sur le feu. Des réactions dans le monde arabo-musulman n'ont pas tardé! Le Quai d'Orsay tente de rassurer qu' «il n'y avait pas de menace avérée sur un quelconque établissement». Pourtant, des ambassades et des écoles françaises fermeront, demain dans pas moins de 20 pays. Les autorités françaises, informées d'avance sur les intentions des concepteurs de cet hebdomadaire, n'étaient-elles pas en mesure de prendre des dispositions adéquates? S'agit-il réellement de la liberté d'expression ou d'une provocation? Et à quelles fins? En tout cas, si certains arguent de la liberté d'expression et de la presse, d'autres pensent que ce geste est de la pure provocation qui intervient dans un contexte déjà tendu! Dans son édition d'hier l'Express rapporte, «l'ancien Premier ministre et candidat à la présidence de l'UMP, François Fillon, défend bec et ongles l'hebdomadaire connoté à gauche». Selon l'Express, l'ex-bras droit de Nicolas Sarkozy déclare sur Canal+: «Je suis pour la liberté d'expression totale (...) Ce qui est en train de se passer avec cette espèce d'intolérance qui monte dans une grande partie du monde (les manifestations et violences dans le monde musulman pour dénoncer un film islamophobe, ndlr) et qui est instrumentalisée par des extrémistes (...), c'est une sorte de régression par rapport à l'état de la civilisation». Dans ce sens, la civilisation du candidat à la présidence de l'UMP répond au concept du «non-respect des croyances» et surtout «faire dans l'excès de zèle pour heurter la sensibilisation des autres». N'allant pas vraiment à contre-courant que François Fillon, la réaction de Brice Hortefeux, qui occupait le poste de ministre de l'Intérieur, intervenant sur RMC, souligne «ces dessins qui montrent notamment le Prophète (Qsssl) de l'Uslam nu vont susciter naturellement des réactions. La conséquence, c'est la confusion entre l'islamisme radical et l'Islam, le premier étant l'excès et le second aspirant à être une religion de paix». Cependant, comme tous politiciens français qui exercent la politique du deux poids, deux mesures, ils préfèrent les excès des caricatures aux excès des censures. Sur RTL, Le Premier ministre Jean-Marc Ayrault soutient «nous sommes dans un pays où la liberté d'expression est garantie, la liberté de caricature aussi. Et si vraiment des personnes se sentent heurtées dans leurs convictions et pensent qu'il y a eu dépassement du droit - nous sommes dans un Etat de droit qui doit être totalement respecté -, elles peuvent saisir les tribunaux». Il admet néanmoins que «cela n'était pas nécessaire de mettre de l'huile sur le feu». Par ailleurs, nul ne doit ignorer que l'hebdomadaire Charlie Hebdo, spécialisé dans la provocation, n'est pas à son premier dérapage. Il s'agit d'un multirécidiviste notoire connu pour son style «excité» contre toutes les manifestations religieuses d'où qu'elles viennent. Un bref rappel du parcours tumultueux de cette publication pourrait nous renseigner sur la nature d'une équipe qui prétend lutter contre toutes les formes de sectarisme, mais qui reproduit paradoxalement les mêmes méthodes. Il ne faut pas oublier qu'en 2005, cette publication en mal de notoriété et d'argent avait reproduit les caricatures danoises et en 2011, elle avait sorti un numéro spécial sous le logo de «Charia hebdo» à l'occasion de la victoire électorale du mouvement Ennahda en Tunisie. Concernant le fait que leur journal s'abstient de s'attaquer à la religion juive, un de ses responsables avait déclaré: «Les Juifs ne nous font pas chier.» Une conception bien particulière du journalisme et de la liberté d'expression!