Le 7 février en cours s'ouvrira le procès opposant la Mosquée de Paris au magazine Charlie Hebdo. Le président du Conseil français du culte musulman et recteur de la grande mosquée de Paris, M.Dalil Boubakeur, a rencontré hier la presse pour exposer de nouveau la position des musulmans de France à quelques jours de l'ouverture du procès intenté au magazine Charlie Hebdo pour la publication des caricatures sur le Prophète Mohamed. A plusieurs reprises dans sa conférence, M.Boubakeur dira qu' «il n'est évidemment pas question de remettre en cause la liberté de la presse et la liberté d'expression mais les attaques haineuses contre l'Islam. Charlie Hebdo s'est situé dans la provocation et non une démarche d'information comme d'autres journaux. On ne peut manipuler impunément les phobies et les angoisses des gens. On sait où cela peut mener...», dit-il. De son côté, Me Szpiner, avocat de la défense du Cfcm dans cette affaire, précisera que «ce procès n'est pas une réaction à une atteinte au sacré, c'est ce que veut faire croire Charlie Hebdo, il s'agit d'incitation au racisme». Interrogé sur la présence de François Hollande (Parti socialiste) et François Bayrou (UDF droite) comme témoins aux côtés de Charlie Hebdo, l'avocat rétorque «voilà encore un autre dérapage. En ce qui nous concerne nous resterons sur le terrain du droit, si d'autres veulent politiser le procès, c'est leur problème». Dans la même lignée, Abdellah Zekri de la fédération pour le Sud-Ouest, rappellera le communiqué du Cfcm adressé récemment aux candidats à la présidentielle, leur demandant de ne point se mêler ou instrumentaliser l'Islam dans le débat politique et électoral actuel. «Nous disons aux candidats d'être vigilants quant à leurs soutiens et à leurs déclarations en cette période sensible.» Dalil Boubakeur réitèrera sa totale confiance en la justice française et affirmera la détermination des responsables du culte musulman à aller jusqu'au bout de cette affaire car «nous voulons que l'on cesse d'importuner les musulmans. La France n'est pas un pays islamophobe mais l'islamophobie existe comme l'a déclaré hier encore le ministre de l'Intérieur, Nicolas Sarkozy», affirme Boubakeur. Le ministre de l'Intérieur avait, en effet, offert jeudi soir une réception en l'honneur de la communauté musulmane dans les salons de son département, Place Bauveau. Pour revenir au procès de la semaine prochaine, il faut savoir qu'il est intenté par la Mosquée de Paris contre l'hebdomadaire pour deux de l'ensemble des caricatures censées représenter le prophète Mohamed. Deux caricatures assimilent le Prophète à un terroriste et caractérisent, selon la Mosquée de Paris, une injure publique. Il est précisé que cette plainte s'en tient «strictement à la dénonciation des caricatures qui sont grossièrement contraires à la loi du 29 Juillet 1881 et caractérisent ainsi des actes de racisme délibéré». La Mosquée de Paris souligne, également, que sa position ne relève en aucun cas de l'intégrisme qu ‘elle n'a cessé de dénoncer et de combattre. Dans sa déclaration à la presse, Dalil Boubakeur réclame «en tant qu'humaniste, en tant que musulman», avoir droit au respect de sa foi et demande réparation à Charlie Hebdo «afin que le droit et la justice ne soient pas dans ce pays qu'un simple rapport de fort à faible, d'ethnies respectées à ethnies humiliées».