La durée de vie d'un support audiovisuel n'est pas déterminée, et encore moins éternelle. Des supports sont atteints en outre du phénomène de dégradation physico-chimique, appelé communément le syndrome du vinaigre, que les responsables de la conservation ont récemment découvert et pris en compte que tardivement. Or cela va de nos archives qui constituent une richesse patrimoniale nationale incontestable. Considérables sont ainsi les enjeux auxquels sont confrontés aujourd'hui les détenteurs d'archives audiovisuelles. Pérenniser et faire vivre la mémoire de notre histoire des 50 dernières années. Un enjeu de taille. Un projet «Cap Med» est venu consolider et combler les défaillances de plusieurs télévisions de 13 pays de la Méditerranée, y compris la nôtre. Un projet lourd dont le travail a duré plus de 30 ans. Dans le cadre de la tenue de la 10e réunion de coordination du projet Cap Med, Mme Nancy Angel, coordinatrice générale du programme Cap Med, nous a présenté, lors d'un point de presse animé avant-hier au siège de l'ENTV, la base de données de ce projet salvateur. Il est né dans le cadre du partenariat euro-méditerranéen lancé par la Déclaration de Barcelone de novembre 1995 ; la conférence de Thessalonique de 1997 a permis la création d'un programme «Euromed audiovisuel» financé par la commission européenne «Meda» et destiné à soutenir la coopération audiovisuelle régionale. Son but: développer la coopération entre opérateurs audiovisuels au niveau euro-méditerranéen, promouvoir des transferts de technologie et de savoir-faire dans ce domaine, ainsi que la formation professionnelle et la valorisation du patrimoine audiovisuel et cinématographique par le renforcement d'une programmation des films sud-méditerranéens dans les salles de cinéma de l'Union européenne. Les pays énumérés sont le Maroc, l'Algérie, l'Egypte, Israël, l'Autorité palestinienne, le Liban, la Jordanie, la Syrie, la Turquie, Chypre et Malte. «Le métier de la télé est récent. Il a connu plusieurs évolutions. Les supports ont vieilli. Il y a urgence à protéger et transférer le contenu de ces archives, car les dégradations sont dangereuses et on risque de les perdre», a affirmé Mme Nancy Angel. 2 000 programmes dans les trois langues alimentent la base de données. «Notre objectif d'ici à la fin d'avril 2004 est d'arriver à 5000 documents. Nous visons le public universitaire, les scientifiques et les médias», avoue Mme Angel. Cinq millions d'euros ont été consacrés pour ce projet à hauteur de 40% financés par la commission européenne. Un travail colossal a été fourni, s'agissant de la remise en état d'équipements de chacun des partenaires, la restauration de la filière cinématographique et les archives. «Tout un travail de préparation a accompagné l'ingénierie de la migration des données». S'agissant de la part du budget alloué à chacun des pays et notamment à l'Algérie, Mme Angel a insisté sur «la légalité d'une répartition équilibrée pour tous». Et de conclure: «Il faut alerter l'opinion publique du péril qu'il y a à ne pas sauvegarder les archives. Il faut réfléchir aux moyens de faire accéder nos pays aux moyens de recherche qui ont été financés par les Européens». Il y a urgence également à «rapatrier» nos archives et notamment celles relatives à la guerre. Une opération ardue paraît-il. Enfin, vous trouverez une présentation complète de Cap Med sur le site: cap-med.net.