Le constat que dressent les spécialistes sur l'état de nos archives est effarant. Comment procéder à la conservation du patrimoine documentaire écrit et audiovisuel? C'est en effet à cette question que tentent de répondre les spécialistes de l'archivage et de la documentation au cours du séminaire international qui se tient actuellement à l'hôtel Ryadh de Sidi Fredj, à Alger. Organisé par le ministère de la Communication, le séminaire en question a ouvert ses portes hier. La clôture est prévue, quant à elle, pour aujourd'hui. Ainsi, tout au long de ces trois journées que durera cette rencontre, les universitaires, chercheurs et experts algériens et étrangers qui y prendront part, auront à débattre de ce problème épineux, notamment avec l'introduction en grande pompe des N'tic (nouvelles technologies de l'information et de la communication). «En réalité, le problème de la conservation ne date pas d'hier» souligne Fouad Soufi, sous-directeur à la direction générale des archives nationales. «Les experts et chercheurs, poursuit-il, ont tous l'attention attirée par ce phénomène». Néanmoins, le véritable casse-tête chinois auquel les spécialistes sont confrontés, c'est la façon de procéder à la conservation du patrimoine documentaire écrit et audiovisuel. En effet, en l'absence de moyens de stockage et d'archivage, il est pratiquement impossible de sauvegarder les fonds documentaires dont dispose l'Algérie. Et ce problème crucial se pose aussi bien chez nous qu'ailleurs. «Les archivistes ont toujours évoqué le cauchemar de se retrouver impuissants, voire désoeuvrés, devant l'absence frappante des moindres conditions, notamment climatiques de conservation des archives», a déploré M.Soufi. Pour rappel, à l'indépendance, la gestion et la reconstitution du patrimoine archivistique ont été confiées au ministère de l'Education nationale, puis à celui de l'Orientation nationale avant d'échouer finalement au ministère de l'Information et de la Culture. Plus tard, plusieurs commissions désignées à cet effet, se sont penchées sur les principales questions relatives aux archives nationales aux plans législatif et organisationnel. Aujourd'hui, les spécialistes sont unanimes : tous les secteurs de l'Etat devront travailler de concert pour la sauvegarde de ce patrimoine qui constitue la mémoire de la nation. Par ailleurs, le constat que dressent les spécialistes sur l'état de nos archives est effarant. Plusieurs fonds documentaires sont atteints par la moisissure. La dégradation dans certains cas est à un stade fort avancé. Et cette situation concerne aussi bien les archives écrites qu'audiovisuelles. L'année dernière, les responsables de la conservation ont eu la désagréable surprise de découvrir tardivement la dégradation physico-chimique d'un bon nombre de supports audiovisuels. Justement, dans le cadre du partenariat euro-méditerranéen (signé en 1995), un projet, appelé «Med Cap» a été initié afin de consolider et combler les défaillances de plusieurs télévisions de 13 pays du bassin méditerranéen, dont la télévision algérienne. Toutefois, peut-on se suffire de ce genre de projet? Jusqu'à quand resterons-nous à observer cette situation dramatique? «Avec l'avènement des nouvelles technologies de l'information et de la communication, nous devrons accorder une attention particulière quant à la conservation, le stockage, la reproduction et la diffusion des documents écrits et audiovisuels», a souligné le secrétaire général du ministère de la Communication, M.Aïssa Hirèche. Il convient de souligner enfin que les participants à ce séminaire international, dont la clôture est prévue pour demain, sortiront avec des recommandations à même de résoudre un tant soit peu le problème inhérent à la sauvegarde du patrimoine documentaire et audiovisuel national.