Le FLN et le RND en ont payé l'addition. Exit Ouyahia et Belkhadem ainsi que quelques ministres qui semblaient inamovibles. Il n'y aurait certainement rien à redire si ces «appuis» étaient intervenus dans une conjoncture apaisée, peu incertaine sur le plan économique et moins explosive au niveau social. Une mention particulière doit être décernée pour le Front de libération nationale et le Rassemblement national démocratique. Ces deux formations se marquent à la culotte dans une espèce d'étrange mano a mano tout en se tenant à distance. Ce n'est pas un fossé qui les sépare. Ils restent égaux à eux-mêmes et s'alignent sur le tempo imposé par le président de la République et le plan d'action de la nouvelle équipe gouvernementale qui sonne pourtant comme un désaveu pour le gouvernement sortant. Le FLN et le RND en ont payé l'addition. Exit Ouyahia et Belkhadem ainsi que quelques ministres qui semblaient inamovibles. Des secteurs clés, éducation, santé, habitat... terreaux de la protesta ont changé de «maîtres de céans». Malgré leurs déboires lors du dernier remaniement, les deux secrétaires généraux de ces partis évincés du nouvel Exécutif signent des deux mains pour l'action du gouvernement emmené par Abdelmalek Sellal. Le 23 septembre lors d'une rencontre avec les élus de son parti, Ahmed Ouyahia a instruit ses élus de voter pour les projets de loi qui seront soumis au Parlement par le gouvernement de Abdelmalek Sellal» a confié le porte-parole du RND, Miloud Chorfi. Ne voulant pas probablement se laisser devancer, le FLN lui emboîte le pas. Dans le même style. Abdelaziz Belkhadem a, en effet, indiqué le 24 septembre à Alger que son parti «soutient le gouvernement désigné par le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, et sa démarche pour la mise en oeuvre de son programme» à l'occasion d'une rencontre avec les membres des deux groupes parlementaires du Front de libération nationale. «Ce plan trouve son essence dans le programme du président de la République, président d'honneur du FLN» a argumenté le patron du FLN. Il n'y aurait certainement rien à redire si ces soutiens étaient intervenus dans une conjoncture apaisée moins incertaine sur le plan économique et explosive au niveau social. Les recommandations du chef de l'Etat que doit mettre en oeuvre le Premier ministre sont du même type que les interventions chirurgicales qui ont pour but d'éviter à ce que le mal ne se propage. C'est pratiquement une mission de soldat du feu qui a été confiée au pompier Sellal. Le Parti des travailleurs s'est dit disposé à le soutenir ainsi que le TAJ de Amar Ghoul qui fera son baptême de feu à l'occasion des élections locales du 29 novembre dans un contexte socioéconomique morose. Pour sa part, toute la «faune» de partis politiques créés à la hâte et dans l'improvisation totale, se cramponnent eux aussi, au programme du chef de l'Etat, à défaut d'imagination et d'alternative politique et économique. Au point où d'aucuns se demandent s'ils s'agit réellement de partis politiques, ou tout simplement de simples comités de soutien au programme présidentiel. Cela au moment où l'Algérie, mal en point, a besoin de solutions urgentes. Ses villes et villages croulent sous les ordures. Ses forces vives sont laminées par le diktat imposé par les spéculateurs, la flambée des prix des produits de consommation de base, des fruits et légumes (une énième crise de la pomme de terre se profile), les secteurs de l'éducation nationale, de la santé sont en crise permanente pour ne pas dire sinistrés, les harraga hissent les voiles... des territoires de la République ont été conquis (parkings sauvages, squat des trottoirs...), l'autorité de l'Etat en a pris un coup sous l'oeil complice de responsables qui ont en charge les affaires de la cité. Gouvernement, partis politiques sont restés étrangement sans réaction pour les uns et silencieux pour les autres contre tous ces fléaux qui peuvent embraser le front social sans crier gare. Un contexte qui a «tétanisé» pouvoirs publics et formations politiques. Une période de glaciation qui a obligé le président de l'Assemblée nationale à briser... la glace. «D'aucuns, au sein de la classe politique et de l'opinion publique, pensent que la faiblesse ayant caractérisé le rythme de l'action institutionnelle et des différents secteurs d'activité connexes a entraîné la généralisation du laisser-aller dans le service public...», avait déclaré Larbi Ould Khelifa, le 3 septembre, lors de l'ouverture de la session d'automne du Parlement. «Nous invitons ceux qui ont des avis et de l'expérience parmi les hommes politiques, les intellectuels, les créateurs et les organisations de la société civile à contribuer au diagnostic, à la conception et à la proposition de solutions aux véritables questions auxquelles fait face notre société...» avait-il lancé. Un SOS qui illustre la panne d'idées et de propositions qui caractérise la classe politique dans son ensemble et explique le train pris en marche par une partie d'entre elle...