Les besoins en investissements en Algérie pour la décennie à venir sont estimés à 12 milliards de dollars. C'est ce qu'avait révélé Karim Djoudi, ministre délégué à la Participation et à la Promotion de l'investissement lors du premier forum réunissant les hommes d'affaires d'Algérie et du Brésil. M.Djoudi avait relevé que pour la première fois depuis 1990, il est observé une croissance significative et une diversification de l'investissement direct étranger en Algérie (IDE), dont 4 milliards de dollars d'intention d'investissements. Le niveau des IDE réalisé en 2002 a atteint 1,1 milliard de dollars contre 1,2 milliard de dollars en 2001. Ce flux appréciable indique clairement l'émergence d'un intérêt nouveau des investisseurs étrangers pour les secteurs hors hydrocarbures, avait précisé le ministre. Cet optimisme a été contredit par une enquête, effectuée à la demande des pouvoirs publics, par deux organismes de la Banque mondiale, le Fias-Service Conseil pour l'investissement étranger et Mena-région Afrique du Nord et Moyen-Orient. Cette enquête a relevé que les flux d'investissements étrangers (IDE) vers l'Algérie, s'ils ne sont pas négligeables, restent indiscutablement en deçà du potentiel de l'Algérie et nettement insuffisants pour assurer une croissance économique plus soutenue ou contribuer à la réduction du chômage. Certes, des facteurs extérieurs néfastes tels que la chute des investissements mondiaux, les attentats du 11 septembre 2001 aux Etats-Unis ou la guerre de l'Irak ainsi qu'une décennie de terrorisme ont influé négativement sur l'investissement étranger mais ne saurait expliquer à eux seuls ce manque d'engouement pour l'Algérie. En effet et en dépit de l'effort de libéralisation engagé par le gouvernement dans le cadre de la transition vers l'économie de marché, le volume des investissements privés, notamment étrangers, demeure limité en Algérie. En outre, l'étude effectuée par le Fias, auprès de 54 entreprises françaises, italiennes et espagnoles, a révélé que les facteurs empêchant les investisseurs étrangers de venir en Algérie sont multiples. Si les investisseurs étrangers considèrent que l'Algérie possède des atouts qui sont les affinités culturelles, le marché intérieur (accès et taille), le coût de la main-d'oeuvre ainsi qu'une politique orientée vers l'investissement, il n'en demeure pas moins que des entraves sont enregistrées à plusieurs niveaux, handicapant cette concrétisation. Dans cet ordre d'idées il a été cité l'incertitude et l'instabilité politique, la bureaucratie, l'application inconsistante des lois et des règles, et l'absence de transparence, la corruption et la gouvernance. Pourtant depuis son investiture à la magistrature suprême, le président de la République n'a pas cessé de multiplier les clins d'oeil vers les capitales occidentales. Ni ses appels ni ses voyages à l'étranger et la gesticulation tous azimuts les ayant accompagnés, n'ont reçu d'écho de la part des investisseurs étrangers. En effet hormis les hydrocarbures, l'investissement étranger en Algérie frôle la limite zéro. Ce faible répondant ne peut s'expliquer uniquement par le manque d'un tissu industriel quoique le président a tenté tant bien que mal d'ouvrir plusieurs chantiers à la fois sans réussir à provoquer l'effet boule de neige au niveau de toutes les structures de l'Etat. En effet, le chef de l'Etat avait initié un programme de soutien à la relance économique d'une enveloppe financière de 525 milliards de dinars (7,2 milliards de dollars) pour une période triennale. Malheureusement, sur le terrain, le plan de soutien à la relance économique a beaucoup pâti d'une grave pénurie de matériaux de construction mais aussi de la lourdeur et de la lenteur des procédures de passation des marchés publics. Chose ayant fait fuir les investisseurs étrangers. Cette fuite des capitaux étrangers ne s'explique pas uniquement par les taxes douanières estimées très élevées. De ce fait, il est temps d'accélérer sérieusement les réformes pour attirer les investissements étrangers. D'autant que l'Algérie présente beaucoup d'avantages, dont un marché local relativement important, des salaires peu élevés, de larges réserves naturelles et une situation géographique privilégiée.