Jugés actuellement « dérisoires », les échanges hors hydrocarbures entre l'Algérie et le Royaume-Uni devront s'intensifier dans les prochaines années, voire dans les prochains mois. C'est, du moins, ce qui ressort des interventions et déclarations des hommes d'affaires et opérateurs économiques anglais réunis hier à l'occasion de la tenue, à l'hôtel Hilton, du premier forum d'affaires algéro-britannique. « Nous voulons avoir notre place en Algérie », a déclaré lady Olga Maitland, présidente du Forum de la défense et de sécurité et chef de la délégation d'hommes d'affaires britanniques en visite à Alger depuis samedi dernier. L'absence remarquée jusque-là des investisseurs anglais sur le marché algérien est due, souligne Micheal Thomas, directeur du commerce international de l'Association du Moyen-Orient pour le développement des relations économiques entre l'Algérie et le Royaume-Uni, à deux principaux facteurs : « L'idée répandue selon laquelle le marché algérien est une chasse gardée de la France et le facteur langue. » A ce propos, l'opérateur a vivement recommandé à l'Algérie de faire de la langue anglaise la deuxième langue officielle, du moins dans le domaine des affaires. Selon M. Thomas, « les choses ont changé en Algérie et ce que nous devons faire en Grande-Bretagne, c'est changer notre perception de ce pays ». L'échéance de décembre 2005 Dans l'optique de cet expert, « les patrons britanniques ne pouvaient pas espérer une période plus propice pour promouvoir l'image de l'Algérie auprès des industriels britanniques, particulièrement au moment où la Grande-Bretagne s'apprête à assurer la présidence de l'UE ». Ce dernier élément va agir, selon lui, tel un « pont » pour développer le partenariat, le commerce ou la création de sociétés mixtes algéro-britanniques, notamment à travers les programmes d'aide de l'UE. Saisissant l'occasion de la présence des ministres délégués chargés de la Participation et de la Promotion de l'investissement, Yahia Hamlaoui, et de la Réforme financière, Karim Djoudi, un avocat d'affaires, Hervé Castelnau, n'a pas hésité à interpeller les deux ministres sur l'avancée des réformes engagées, notamment en matière de réforme bancaire qui constituait jusque-là un frein à l'acte d'investir en Algérie. Sur ce sujet bien précis, Karim Djoudi a répondu que les réformes sont à un degré très avancé, en donnant l'échéance de décembre 2005 comme date limite pour la modernisation du système de paiement bancaire et l'interbancarité. Six principaux points sont importants, note l'avocat, dans la détermination de l'investisseur pour qu'il vienne investir en Algérie. Il s'agit, pour lui, « de la possibilité de surveiller ses propres investissements en Algérie, de la levée des obstacles fiscaux et douaniers, avoir confiance en les tribunaux algériens, ne pas avoir de problèmes en matière de foncier industriel, avoir à sa disposition la législation claire et transparente de chaque secteur d'activité et la nécessité de l'existence d'une autorité de régulation ». Par ailleurs, les investisseurs n'ont pas arrêté de se féliciter des réformes économiques que mène l'Algérie et qui font qu'aujourd'hui, ont-ils noté, les principaux indicateurs économiques sont « au vert », notamment un secteur privé « florissant », des finances publiques saines et une inflation maîtrisée. « Aujourd'hui, nous trouvons en Algérie exactement le climat que les investisseurs britanniques recherchent dans le monde », ont noté ces hommes d'affaires qui représentent une vingtaine d'entreprises britanniques couvrant pratiquement l'ensemble des secteurs d'activités. L'Association pour le Moyen-Orient, qui représente 75% du commerce extérieur en Grande-Bretagne et couvre pratiquement tous les secteurs d'activité, « s'emploiera, selon M. Thomas, à accompagner les projets d'investissement britanniques en Algérie ». Les opérateurs britanniques semblaient parfaitement conscients de l'importance du marché algérien, « un marché caractérisé, selon eux, par de riches ressources humaines et naturelles ». Au cours de la première mise en relation d'affaires, l'intérêt des Britanniques a été beaucoup plus porté sur les secteurs de l'énergie, des transports, des services et des banques.