Le refus d'approuver le plan d'action du Premier ministre est motivé aussi par l'absence du bilan du gouvernement d'Ahmed Ouyahia. Les islamistes passent subitement de l'allégeance à l'opposition. 49 députés de cette mouvance, dont 42 issus de l'Alliance pour l'Algérie verte (AAV) et 7 du FJD, ont rejeté «le plan d'exécution du programme du président de la République». Le front du refus et d'abstention peut être grossi puisque 80 absences ont été comptabilisées, hier, à la séance de clôture des débats et du vote à la plénière. Parmi eux se trouvent «les députés islamistes partis en pèlerinage», indique-t-on. Le revirement ou le changement de camp politique opéré par les trois partenaires dans l'Alliance verte (MSP, Ennahda et El Islah) est justifié à deux niveaux. On cite, en premier lieu, «l'échec des réformes promises et initiées en avril dernier par le chef de l'Etat». En second lieu, ils notent en faisant allusion aux printemps arabes, que «la conjoncture politique régionale en 2009 n'était pas identique à celle prévalant en 2012». Suivez mon regard, le président du groupe parlementaire, a pressenti une ingérence étrangère qui pointe à l'horizon. La brèche déjà béante, dit-il, «est le dossier des disparus sur lequel on fait l'impasse». Si elle (l'ingérence... Ndlr) est justifiée ailleurs par des problèmes d'ordre ethnique, «l'ignorance des revendications des familles de disparus pourrait constituer un prétexte et un alibi au printemps algérien», prédit-il. En fait, les islamistes de la coalition verte expliquent leur position de rejet du plan d'action du gouvernement par le fait que le-dit programme «ne préfigure pas en priorité la solution politique qui devait primer sur toutes les autres actions», a fait savoir hier le président du groupe parlementaire de l'AAV, Naïmane Laouar, lors de sa conférence de presse tenue au siège de l'APN. Plus explicite, il estime que «la bonne gouvernance passe d'abord par la révision de la Constitution dans le cadre des réformes profondes et globales censées éclairer la vision globale sur notre avenir». D'une rive à l'autre, l'Alliance de l'Algérie verte (AAV) se trouve contrebalancée par la conjoncture nationale et régionale. Néanmoins, le même responsable a modéré sa critique en concédant que l'actuelle APN ne peut être considérée comme n'étant «pas totalement dépourvue de légitimité mais une assemblée avec une légitimité tronquée». Le refus d'approuver le plan d'action du Premier ministre est motivé aussi par l'absence de bilan du gouvernement d'Ahmed Ouyahia, selon lui. Il fait remarquer également l'accentuation de la désillusion et de la déprime sur le front social marqué par une crise de confiance envers les gouvernants. On a même enregistré l'apparition d'autres phénomènes de plus en plus dramatiques comme la criminalité, la harga, les immolations et la dépravation des moeurs auxquels s'ajoutent la corruption généralisée, la consommation et le trafic de drogue. Sur sa même lancée, il indique que l'irresponsabilité est érigée en mode de gouvernance. D'autant plus que le système actuel (...) est qualifié d'équivoque: «Il n'est ni présidentiel ni semi-présidentiel et encore moins parlementaire.» Le même député s'est interrogé sur la capacité de l'équipe gouvernementale à lutter contre la corruption financière, à organiser des élections locales transparentes et honnêtes, ou encore à réaliser 700.000 logements et soumettre leur distribution à ses normes bien étudiées, donc, les destiner aux personnes vraiment dans le besoin. Ceci, d'une part et de l'autre, il doute fort que le gouvernement y parviendra, étant donné, à son avis, «l'absence de mécanismes, d'outils appropriés et du temps nécessaire à mener à bon port les actions et projets inscrits au programme de M.Sellal». Par ailleurs, presque les mêmes arguments sont mis en avant par les députés de Abdallah Djaballah pour justifier le rejet du programme du gouvernement. Le plan d'action du gouvernement «n'est rien d'autre qu'un programme d'une campagne électorale entamée avant terme pour la présidentielle de 2014», est-il écrit dans le communiqué du FJD. Hormis cette légère dissemblance d'avec le réquisitoire de l'AAV, les deux partis de la même obédience partagent les mêmes arguments à savoir, l'échec des réformes politiques, la crise de confiance entre la population et le pouvoir en place, la continuité dans le même programme avec absence de bilan concernant le précédent Premier ministre. Des tractations sont menées en direction d'autres partis pour élargir la coalition ou le front de refus, indique-t-on encore. Enfin, l'autre parti islamiste, le FAN, qui a perdu 3 sur 4 de ses députés, reste sur la même longueur d'ondes que ses pairs. Pour rappel, 8 députés de l'AAV ont rejoint le parti de Amar Ghoul.