Du côté des archs, la méfiance demeure perceptible. Visiblement pressé de fermer la parenthèse kabyle avant avril 2004, Ahmed Ouyahia accède avec célérité à la prise en charge des quatre préalables posés par l'instance suprême du mouvement citoyen comme condition sine qua non à toute prise de langue avec les pouvoirs publics. En agissant de la sorte, le Chef du gouvernement relance plus que jamais le processus du dialogue qu'il a lui-même initié le 31 mai dernier et du coup, anticipe sur toute velléité de la part des archs de renouer avec la protestation radicale. C'est dire que, désormais, la balle est dans le camp des délégués qui doivent définitivement trancher à propos de leur disponibilité à aller à la mise en oeuvre de la plate-forme d'El-Kseur, à l'occasion de la troisième session du 23e conclave de l'interwilayas, qui se déroulera, dans la soirée de jeudi, à Azib Ahmed (Tizi Ouzou). A présent, donc, la relation dialectique archs-pouvoir entame une nouvelle ère faite de réalisme politique et de pragmatisme de part et d'autre. Cependant, du côté des archs, la méfiance demeure perceptible, car à voir la soudaine disponibilité du pouvoir à résoudre les incidences de la crise, mais connaissant également le principal trait de caractère de leur interlocuteur qu'est la ruse politique, les délégués se gardent bien de verser dans l'euphorie. En effet, cette bonne volonté affichée par le redoutable manoeuvrier qu'est Ahmed Ouyahia, ne semble pas dénuée d'arrière-pensées électoralistes. Au même moment, les délégués contactés dénient au Chef du gouvernement son recours à la rumeur publique et l'information officieuse, usant de ballon sonde pour tâter le pouls du mouvement. Ainsi, Belaïd Abrika estime que «contrairement au dernier appel transmis à travers le canal officiel qu'est l'APS, cette fois-ci, l'information reste au stade officieux. Et même le pouvoir affiche sa volonté à prendre en charge les préalables du mouvement. Pour nous, cela reste des promesses car le mouvement, lors de sa réunion à l'Intht, avait exigé une prise en charge immédiate de ces préalables. Dans ce sens, on se réserve le droit de commenter une information non encore confirmée». Même son de cloche chez Mustapha Mazouzi, qui s'abstient de commenter cette «rumeur» et se limite à indiquer que «le mouvement veut du concret et ne se laissera pas berner par des promesses. Or, à défaut de résolutions effectives des incidences, c'est la remise en cause du processus entamé jusque-là». En revanche, les anti-dialoguistes crient au scandale et accusent leurs ex-pairs de vouloir «légitimer le dialogue qui débouchera inévitablement sur des négociations autour de la plate-forme d'El-Kseur». Un délégué de cette aile nous dira à ce propos qu'il «s'attendait à cette réponse du Chef du gouvernement pour continuer la mise en scène jusqu'au bout». Par ailleurs, Sadek Yousfi et Ahmed Bouzidi, deux délégués exclus depuis belle lurette de la Cadc, appellent tous les opposants au dialogue à prendre part au sit-in qu'ils comptent organiser, jeudi, devant le palais du gouvernement. A signaler que le conclave de vérité de la Cadc aura lieu aujourd'hui à Tizi Rached.