Quand les USA se penchent sur la Guerre d'Algérie «En Amérique, la Guerre d'Algérie n'est pas enseignée dans les écoles mais dans les académies militaires.» Conférence sous le signe de «l'autre, c'est moi» où deux artistes et scénaristes de la bande dessinée, Geo Sipp et Pascal Génot, ont été invités ce samedi à l'occasion du Festival international de la bande dessinée à Alger. En compagnie du modérateur Rachid Alik, afin d'évoquer le parcours et les rapports avec l'histoire qui ont amené les artistes, à parler de la guerre d'Algérie dans leurs ouvrages respectifs. Salle presque comble, la conférence aura débuté à partir de l'image projetée de la Casbah, première image du récit graphique «Wolves in the city - Des Loups dans la ville» de l'auteur américain Geo Ssip, enseignant de dessin, de peinture et des arts graphiques à La Missouri Western State University. L'américain de Kansas City s'exprimera en premier lieu comment il est arrivé à rencontrer l'histoire de la guerre d'Algérie. Précisément à partir de la découverte du livre «A Savage war of peace Algeria 1945-1962» de Sir Alistair Horne, «un livre destiné aux officiers américains qui partaient en Irak», selon les dires de l'auteur. L'ouvrage en question, était utilisé pour la connaissance de faits militaires sur «l'une des premières formes de guerres urbaines». Geo Ssip étayera son propos par «la première guerre où les kamikazes sont apparus, où des bombes artisanales ont été élaborées, et ce genre de guerres ne sont pas gagnables». En ce qui concerne la connaissance de l'Amérique sur l'Histoire de la guerre d'Algérie, l'auteur mentionnera l'intérêt des militaires «En Amérique, la guerre d'Algérie n'est pas enseigneé dans les écoles mais dans les académies militaires» des faits de l'Histoire qui doivent selon Geo Sipp, «se faire connaître pour savoir comment éviter la guerre dans le futur et toute une transmission de la violence». et d'ajouter: «j'étais toujours intéressé par la guerre, un indicateur important de la condition humaine, en plus du côté exotique des pays de l'Afrique du nord». Comme autres références, l'auteur mentionnera «la question d'Henry Alleg» qui l'aurait inspiré à examiner les évènements sanglants qui avait touché l'Algérie après l'indépendance. Geo Ssip reviendra également sur son projet de récit graphique, avec ses techniques et impressions de dessin, à partir du concept de la gravure sur verre, il évoquera aussi le récit «un américain qui a fui la justice pour incorporer la légion étrangère en France et qui a fini par atterrir en Algérie». L'auteur «Des loups dans la ville» rappela ses influences cinématographiques «beaucoup de films en Amérique qui ont traité de personnages rejoignant des forces mercenaires ou la légion étrangère entre 1940 et 1950» et notamment le film «la bataille d'Alger» de Gillo Pontecorvo, un film dont les comédiens l'auraient fortement inspiré. Par ailleurs, en réponse à une éventuelle investigation et documentation menées par l'auteur afin de soutenir son travail, l'auteur a dit n'avoir eu aucun contact avec des français ou algériens étant donné que le caractère de son personnage et de son récit «ont été crées dans un but purement fictionnel». Pour ce qui est de Pascale Gènot, scénariste BD de la trilogie «sans pitié», une série de bandes dessinées en noir et blanc, se déroulant en grande partie entre Marseille et Alger, et qui s'est rapproché de l'histoire à partir d'un rapport «qui est techniquement une histoire de date, et des problèmes liés à la société française contemporaine», en ajoutant, «c'est aussi une histoire de cadrage chronologique avec nos personnages». Le scénariste a évoqué un aspect plus technique à partir de quoi, s'est concentrée l'écriture «comme le film noir, les polars qui ont une portée politique dans leur propos». «Notre histoire est une fiction, nous ne voulons pas nous substituer aux historiens, nous ne voulons pas avoir la prétention de nous mettre à la place de l'autre» rappellera plusieurs fois le scénariste de «sans pitié» qui a précisé: «Nous avions pris les faits de certains évènements qui se sont déroulés en Algérie comme l'usage de la torture, et ce après que la France ait reconnu après 4O ans, l'existence d'une guerre en Algérie», indiquant par la-même occasion, les similitudes qu'il y a eu avec «l'Indochine et la Corée qui préfiguraient la guerre d'Algérie» et qui selon lui, «ont connu des violences inouïes comme en France sous l'occupation et en Italie avec l'extrême gauche». Pascal Génot a traduit les ambitions de sa trilogie à travers l'intégration de quelques «principaux éléments historiques» et d'imposer avant tout «la fiction pour la beauté du récit» et faire «coexister des personnages» en faisant mention de l'ALN et d'un couple franco-algérien résidant à Marseille, présent dans la trilogie. Une prudence face à l'Histoire de la guerre d'Algérie, un désir inhérent à la découverte artistique d'une guerre «exotique», reste à savoir si les officiers américains utilisaient vraiment l'histoire de la guerre d'Algérie à des fins purement estudiantines avec des visées pacificatrices.