Le trio privilégie le côté mélodique et suggère avec douceur et romantisme le rythme... On s'attendait à la formule classique du jazz (piano, basse, batterie), du moins celle initiée dans l'album Introduction, nous avons eu droit à une surprise, un changement de dernière minute dû au planning d'un des artistes. Au final, nous avions aux côtés du compositeur et pianiste Vincent Bourgeyx, Sébastien Jimaner à la basse et Olivier Kei Ourio à l'harmonica pour un concert de jazz basé sur la retenue et l'harmonie. Un jazz plutôt sobre qui se laisse écouter dans une ambiance intimiste. C'est avec une suite de mélodies, une composition inspirée de l'harmonica que commence le concert tout en douceur et en subtilité. Quand il s'agira d'aller au «fond des choses», le piano s'exécute et l'harmonica s'emballe. Effervescente. La veille, Vincent Bourgeyx et ses amis musiciens se produisaient à Oran, mercredi c'était au tour du public algérois de ressentir les couleurs et les émotions inspirées de la vie de cette fine fleur du jazz contemporain et d'apprécier son travail musical basé selon lui sur la rythmique, la mélodique et l'harmonique. «Je suis inspiré par toutes les musiques. J'adore le tango, la world music, celtique. Je suis tombé amoureux des musiques brésiliennes, tout ce qui me touche m'inspire. Avec les connaissances harmonique que j'ai dans le jazz et le classique, j'essaye de les impliquer dans ma musique. Dans «Tango fantasy» (titre d'un morceau, ndrl), ce n'est pas du tango. C'est une petite connotation espagnole. Parfois, c'est très dur de trouver une explication à la création», confie Vincent Bourgeyx. Ouvert au brassage, le bassiste «réveille» le public lorsqu'il troque son instrument contre une derbouka, achetée la veille. On y retrouve notre son maghrébin et on applaudit la performance. Cette petite «fantaisie» fait place au cauchemar de Kafka («Kafka's nighmane», titre qui figure également dans l'album Introduction de Vincent inspiré après lecture du livre de Kafka). «Je n'en ai pas dormi de la nuit!» confie avec humour le pianiste. Ensemble, Vincent et le bassiste créent une atmosphère d'enfer sur scène. Sébastien Jimaner est tout aussi remarquable. Sa dextérité et son tempérament trouvent peut-être leur signification dans ses origines. Il est à moitié vénézuélien moitié algérien. Un mélange détonant. Sébastien, nous apprend-il, tâtait, avant, de la percussion. Le trio termine par quelques standards, notamment par un morceau de Milles Davis réarrangé à la façon de Vincent qu'il a baptisé «Tune ups», avant de finir avec «Peace». Un brin d'harmonie et de romantisme. Mercredi dernier, l'esprit de Steevy Wonder a dû planer sur la salle Ibn Zeydoun. Un grand musicien et chanteur qui a commencé sa carrière, faut-il le rappeler, par le jazz avant de se tourner vers la soul music. «Steevy Wonder est un génie et un modèle pour moi», avoue Vincent Bourgeyx. Organisé à l'initiative du CCF d'Alger, ce concert fut donné en collaboration avec Musiques de nuit diffusion, et le soutien de la ville de Bordeaux. Il entre dans le cadre des échanges et partenariat culturels entre l'Algérie et la France. Prochain rendez-vous attendu: Les Noubians, pour mars prochain.