Près de 10% de la population algérienne sont inscrite sur la Toile Ce phénomène n'est pas une spécificité algérienne, puisque sur les 955 millions d'utilisateurs de Facebook, 83 millions seraient de faux comptes. Nadia l'Algéroise! Ce n'est ni un nom ni un prénom, encore moins une personne réelle. Il s'agit d'une identité virtuelle qui a élu domicile dans les quartiers les plus chauds du réseau social Facebook! Derrière ce pseudo se cache le profil d'un homme! «Facebook tombe à point nommé dans une société comme la nôtre qui a le goût de la discrétion.» Si dans la vie de tous les jours, la société demeure crucifiée par certaines habitudes, traditions et autres obstacles, sur la toile, les Algériens découvrent une autre façon d'être, un autre comportement et s'attribuent à satiété d'autres identités! Près de 10% de la population algérienne est inscrite sur la Toile. Soit environ 4 millions de personnes et presque autant de pseudonymes et de vrais-faux profils. «La parade est simple. Des hommes se cachant derrière des photos de grands footballeurs, quant aux femmes, c'est aux photos de stars attirantes qu'elles ont recours lorsqu'elles créent leur profil», explique Sarah, une abonnée à Facebook sous le pseudonyme d'une star de la chanson américaine. Elle refuse de nous révéler son pseudonyme. «C'est la règle du jeu dans ce monde virtuel où toutes les tendances et toutes les couches sociales trouvent leur compte», dit-elle. Pour Nassim, un jeune cadre dans une société privée, très actif sur les réseaux sociaux, «il y a des risques lorsqu'on utilise son vrai nom», dit-il. «Une simple recherche de votre nom sur Google, par exemple, aura pour conséquence de renvoyer toutes vos activités, vos coordonnées, votre vie intime et les faire publier sur la Toile», ajoute-t-il. Pour les sociologues, c'est un signe probant d'une crise de confiance. «Les Algériens ne se font plus confiance entre eux et les utilisateurs de ce réseau social virtuel sont anonymes. De ce fait, ils se méfient et préfèrent avoir un faux compte plutôt que de dévoiler leur vraie identité», a expliqué Tidjani Thoraya, professeur de sociologie à l'université d'Alger III. Les faux profils sont, en général, créés par des dames ne souhaitant pas dévoiler leur identité. C'est ainsi qu'elles constituent leur réseau d'amis choisis, évitant les demandes d'ajouts d'inconnus qui sont souvent des hommes à la recherche de tout profil appartenant à la gent féminine. D'autres femmes s'abstiennent de se montrer ou de mentionner leur ville à cause de ce sentiment d'insécurité, qui les expose aux harcèlements moraux voire même sexuels. Cependant, ce phénomène n'est pas une spécificité algérienne. Selon un rapport établi par Facebook, à l'échelle planétaire, sur les 955 millions d'utilisateurs du réseau social, 83 millions seraient de faux comptes, soit environ 8,7% des profils. Le même rapport précise que ces faux profils se répartissent en trois catégories: 4,8% sont des «comptes dupliqués», c'est-à-dire ouverts par des personnes déjà inscrites, et 2,4% sont des «comptes mal classifiés», créés pour une société, une association ou une bête de compagnie, «qui devraient être enregistrés comme une page et non comme un profil», et 1,5% sont des «comptes indésirables» ou «spammeurs», «qui ne respectent pas (les) conditions générales d'utilisation et le revendiquent». «97% des faux profils s'affichent comme étant des femmes et que ces derniers possèdent en moyenne 726 amis contre 130 pour les utilisateurs «réels», selon un document transmis aux autorités boursières américaines par Facebook en août dernier. Les pays arabes figurent en bonne place dans ces «faux usages de faux». Ils ont une tendance bien particulière: une adoration pour les photos religieuses et les proverbes d'amour, souvent pour montrer leurs convictions et idéologies mais jamais leur visage! Pourquoi se cache-t-on derrière des images et des identités autres que la sienne? Les réponses sont multiples. En tous cas ce phénomène traduit toute la complexité d'un nouveau monde qui se crée, qui se met progressivement en place. C'est le monde virtuel où toutes les «personnes» se contactent.. sans se connaître.. une véritable révolution.