L'offensive sur le terrain des pro-Benflis a mis à mal le mouvement de redressement. Le mouvement de redressement dirigé par Abdelaziz Belkhadem, chef de la diplomatie algérienne, n'arrive pas à fixer la date de son congrès «réunificateur». Annoncé, officieusement, pour le mois de septembre passé, il a été décalé à octobre avant d'être fixé presque officiellement à la deuxième quinzaine de décembre. Or même cette date n'est pas sûre puisque de l'aveu de certains animateurs de ce mouvement, le congrès serait reporté au début du mois de janvier. Rencontré il y a quelques semaines au Sénat, le ministre de la Poste et des Technologies de l'information et de la Communication, Amar Tou, n'a laissé aucun doute sur l'organisation du congrès en décembre. «Les annonces faites auparavant ne sont pas officielles, mais je confirme officiellement que l'organisation du congrès réunificateur se fera au courant du mois de décembre», a-t-il déclaré sans pour autant préciser la date exacte. L'atermoiement autour de ce rendez-vous capital pour les anti-Benflis ressortait encore clairement hier, chez les animateurs de ce mouvement, rencontrés en marge de la session ordinaire de l'union des universités méditerranéennes au Palais des nations. Le ministre de l'Agriculture, Saïd Barkat, n'a voulu avancer aucune date précise: «La seule chose sûre, c'est que le congrès sera organisé, probablement durant la dernière semaine de décembre», avant de préciser que l'actuelle bataille autour du FLN «n'est pas extraordinaire dans la vie des pays qui font l'apprentissage de la démocratie», si ce n'est l'acharnement d'une certaine presse. Etant du même avis, ou presque, Tayeb Louh subordonne le rendez-vous à plusieurs facteurs, notamment les préparatifs et l'affaire en justice engagée par les redresseurs. Aussi, selon lui, «il n'est pas opportun d'annoncer une date qui serait aléatoire pour un rendez-vous d'une telle importance». Est-ce que l'issue du procès engagé contre la direction issue du 8e congrès conditionne la tenue du congrès réunificateur? M.Louh semble se ressaisir et réitère les déclarations faites par le coordinateur du mouvement, Abdelaziz Belkhadem. «Le front de la bataille juridique a été ouvert par des militants mécontents, ce qui n'a rien à voir avec la bataille politique que nous sommes en train de mener.» Cependant, il précise que les deux fronts vont finir par se rejoindre, mais «l'issue de l'action juridique n'influera en aucun cas sur le congrès réunificateur». Il en ressort un véritable cafouillage au sein du mouvement de redressement qui cache mal ses dissensions. Les déclarations de Abdelkader Hadjar sont à prendre au sérieux dans ce contexte. Dans un entretien qu'il a accordé à L'Expression, il a affirmé que le congrès ne sera pas organisé avant l'issue du procès intenté contre M.Benflis, plus précisément sur les irrégularités constatées avant et pendant l'organisation du 8e congrès. La compromission de ce congrès devient encore plus probable, quand on sait qu'au niveau local, le ralliement des élus est loin d'être comme escompté par le mouvement de Belkhadem. A en croire des responsables de la direction légaliste, certains élus signent des déclarations d'adhésion aux «redresseurs» tout en restant fidèles à la direction issue du 8e congrès. Sur un autre plan, la lutte pour le leadership fait des ravages dans certaines régions pour être à la tête du mouvement. L'exemple de la wilaya de Béjaïa est frappant à ce titre, où deux clans se sont distingués pour diriger la structure. Dans une offensive à outrance sur le terrain, engagée ce week-end par les membres du bureau politique et ceux du comité central, les redresseurs semblent sérieusement mis à mal. La conciliation des deux fronts s'avère une tâche ardue pour une structure qui se cherche sur le terrain. Surtout que le rendez-vous des élections sénatoriales approche et constitue, à plus d'un titre, un sérieux baromètre. Il indiquera notamment le niveau d'implantation du mouvement de redressement sur le terrain ainsi que le degré de fidélité des élus de Benflis à leur direction.