La bataille pour le contrôle de Maaret al-Noomane, important carrefour entre Damas et Alep se poursuivait hier Les combats ont repris de plus belle hier en Syrie avec de nouvelles tentatives de l'armée de déloger les rebelles de leurs bastions, un haut responsable arabe jugeant minimes les chances de parvenir à un cessez-le-feu. Après un entretien dimanche à Damas avec le président Bachar Al Assad, l'émissaire de l'ONU Lakhdar Brahimi a appelé les belligérants à cesser «unilatéralement» le feu «à partir d'aujourd'hui ou de demain» pour la fête de Aïd Al-Adha célébrée vendredi prochain. Il a souligné qu'il s'agissait d'une «initiative personnelle», et non d'un plan détaillé de paix, pour arrêter le bain de sang dans lequel ont péri des milliers de personnes en 19 mois de conflit. Mais sur le terrain, rien ne montre une volonté des belligérants d'arrêter les combats, alors que le secrétaire général adjoint de la Ligue arabe Ahmed ben Hilli a estimé hier que «malheureusement, l'espoir d'instaurer une trêve en Syrie pour la fête est faible jusqu'à présent». «Les signes sur le terrain et la réaction du gouvernement syrien (...) ne témoignent pas d'une volonté réelle de répondre positivement à cette initiative», a-t-il dit. Sur les fronts d'Idleb, d'Alep (nord), de la province de Damas, Deraa (sud) et Homs (centre), les troupes de l'armée syrienne, appuyées par les chars, tentaient de reprendre plusieurs localités aux mains des rebelles, a précisé l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH, basé en Grande Bretagne). Les forces loyalistes bombardaient à l'artillerie la localité de Harasta où sont retranchés des rebelles, près de la capitale syrienne, et tentaient de la prendre d'assaut, a précisé la même source au lendemain d'un nouvel attentat à la voiture piégée à Damas qui a fait au moins 13 morts. Dans la province d'Idleb (nord-ouest), des combats avaient lieu près de la base militaire de Wadi Deif, assiégée depuis des jours par les rebelles qui tentent de la prendre, selon l'ONG. Cette base est située à la périphérie est de la ville stratégique de Maaret al-Noomane, bombardée depuis l'aube par l'armée. La prise le 9 octobre de cette cité a permis aux rebelles de couper le principal axe routier utilisé par l'armée pour envoyer les renforts dans le Nord. Cet axe Damas-Alep permettait d'acheminer des renforts dans la ville d'Alep, où des combats se poursuivaient, a précisé l'ONG. Les autorités syriennes ont, à maintes reprises, souligné leur détermination à en finir avec les rebelles que le pouvoir assimile à des «terroristes» et accuse le Qatar, l'Arabie saoudite et la Turquie de leur apporter un soutien militaire. L'opposition a de son côté affirmé qu'elle accepterait de cesser le feu à condition que le «régime» arrête le premier. Devant M.Brahimi, M.Assad a d'ailleurs répété que «toute initiative politique devait se fonder sur l'arrêt du terrorisme (..) avec l'engagement de certains pays impliqués, de cesser d'héberger, de soutenir et d'armer les terroristes en Syrie». Le médiateur, qui effectuait sa deuxième mission en Syrie depuis sa prise de fonction le 1er septembre, a indiqué qu'il retournerait en Syrie «après l'Aïd, et si le calme s'installe réellement pendant cette fête, nous continuerons à travailler» sur un cessez-le-feu durable. Après sa nomination, M.Brahimi avait jugé sa mission «difficile», d'autant que la communauté internationale reste divisée entre Occidentaux et monarchies du Golfe d'un côté et Russes, Chinois et Iraniens de l'autre sur les moyens de régler le conflit. Le représentant spécial du président russe Vladimir Poutine, Mikhaïl Bogdanov, se trouvait hier en Iran pour discuter de la Syrie. Téhéran et Moscou refusent toute ingérence étrangère dans ce pays.