Le monde a-t-il chassé d'Afrique du Sud l'apartheid pour qu'il se reconstitue en plus perfide en territoires palestiniens occupés? Le questionnement est légitime face à la montée en puissance de la ségrégation en Israël et dans les territoires palestiniens occupés du fait des colons. La discrimination envers les Palestiniens et les Arabes israéliens semble aller crescendo ces dernières années, confirmée par de récents sondages dont le dernier en date a été publié hier par le quotidien israélien Haaretz. A défaut de préconiser la même antienne que van Creveld - chasser tous les Palestiniens - les Israéliens veulent en revanche instaurer un régime d'apartheid dans les territoires palestiniens et en Israël. C'est ce que révèle un sondage publié hier et selon lequel «La majorité des Israéliens soutient un régime d'apartheid en Israël» écrit le journal de gauche. Ainsi, il apparaît que «59% des Juifs d'Israël estiment que les emplois dans les ministères devraient dans ce cas être prioritairement réservés aux Juifs, et 49% pensent que l'Etat devrait alors traiter ses ressortissants juifs de façon préférentielle par rapport à leurs compatriotes arabes». 42% des Juifs d'Israël ne veulent pas, d'autre part, «cohabiter avec des Arabes dans un même immeuble résidentiel», et 42% d'autres refusent que «leurs enfants fréquentent les mêmes écoles que des Arabes». Rejoignant le sioniste Martin Lévi van Creveld dans sa paranoïa envers les Arabes israéliens, «47% des Juifs d'Israël se prononcent d'ores et déjà pour un transfert d'une partie de la population arabe d'Israël (1,3 million de personnes) vers les territoires contrôlés par l'Autorité palestinienne en Cisjordanie. C'est ce que préconisait déjà, un des conseillers des dirigeants israéliens, l'expert militaire Martin Lévi van Creveld, qui veut faire expulser les Palestiniens et les Arabes israéliens des territoires occupés et dIsraël. Pour parfaire cette ségrégation envers les Palestiniens, 74% des Juifs d'Israël souhaitent qu'Israéliens et Palestiniens «empruntent des routes séparées en Cisjordanie occupée». C'est cet Etat, dont le régime est basé sur la religion et l'exclusion, qui est présenté en Occident comme un modèle de démocratie. Ce qui est encore plus surprenant et inquiétant est le silence coupable de ladite «communauté internationale» face aux oukases des dirigeants israéliens dont la dernière en date est la sortie du Premier ministre israélien, Benjamin Netayahu. Celui-ci veut faire «légaliser» les colonies sauvages en Cisjordanie. Un rapport de la cour de justice israélienne fait valoir dans un rapport qu'Israël n'est pas une «puissance militaire occupante» et que selon lui «le droit international n'interdit pas la création et l'extension des colonies». Israël, qui n'a jamais reconnu le droit international par son refus d'appliquer les résolutions du Conseil de sécurité de l'ONU, prétend, en fait, être au-dessus des lois internationales qui s'appliquent à tous les pays. Dans la situation d'Israël, n'importe quel Etat aurait été taxé de colonial et sommé de se conformer au droit international. Pas Israël, dont la population vient de faire savoir ses penchants ségrégationnistes, allant jusqu'à demander l'instauration de l'apartheid en Palestine historique. Cela est en fait l'aboutissement de la mansuétude dont ladite «communauté internationale» fait montre envers l'Etat hébreu et à l'appui que lui assurent notamment les Etats-Unis quels que soient ses crimes. D'ailleurs, d'apartheid, on en a parlé lundi soir lors du débat entre les candidats à la Maison-Blanche, Barack Obama et Mitt Romney. Dans leur débat sur la politique étrangère américaine les deux candidats à la Maison-Blanche ont fait assaut à qui pourfendra le mieux l'Iran et qui se montrera le plus protecteur à l'endroit d'Israël. On retiendra surtout l'arrogance du puissant et la déshumanisation d'hommes prêts tous deux à renforcer les sanctions contre l'Iran, victime d'un blocus écrasant car il se refuse de se plier au diktat des puissants. Si Israël proclame, haut et fort, sa xénophobie - dans le silence assourdissant du monde - les Etats-Unis n'en sont pas loin pour craindre les pays récalcitrants à rester à la place à eux assignée. Cette démocratie à deux vitesses, le monde n'en a pas besoin!