Dans un document présenté au Conseil de sécurité le rapporteur spécial de l'ONU (sur la torture) a confirmé l'utilisation de techniques de torture sur son propre sol et contre les opposants qui défendent la cause sahraouie. Il ne fait pas bon vivre au Maroc lorsque l'on est opposant et que, de surcroît, l'on défende le droit du peuple sahraoui à s'exprimer librement quant à son destin. «Chaque fois qu'il est question de sécurité nationale, il y a une tendance à utiliser la torture dans les interrogatoires. Il est difficile de dire si c'est très répandu ou si c'est systématique, mais cela arrive assez souvent pour que le gouvernement marocain ne puisse l'ignorer», a déclaré le 23 octobre à la presse le rapporteur spécial de l'ONU sur la torture et autres traitements cruels, inhumains ou dégradants, pour la justice et les droits de l'homme. «Il y a de nombreuses preuves d'une utilisation excessive de la force», a souligné Juan Mendez qui s'est rendu au Maroc et au Sahara occidental entre les 15 et 22 septembre 2012. Le diplomate onusien d'origine, argentine, avait évoqué lors de cette visite des «témoignages crédibles faisant état de pressions physiques et mentales excessives sur des détenus au cours d'interrogatoires». «Il ne devrait pas être surprenant que des actes équivalant à la torture soient commis à l'occasion d'événements particulièrement intenses, tels que les grandes manifestations...», avait ajouté le rapporteur spécial de l'Organisation des Nations-unies sur la torture, lors de la conférence de presse qu'il avait tenue à Rabat à la fin de sa mission. La brèche a été ouverte par le Centre Robert Kennedy pour la Justice et les droits de l'homme (RFK Center) dont une délégation a séjourné au Sahara occidental et dans les camps de réfugiés sahraouis du 25 au 31 août 2012. Elle y avait recueilli des témoignages accablants attestant de la pratique de la torture et de la violence. Un rapport qu'elle a rendu public a fait état de cas de disparition, de torture, de détention arbitraire de menaces, d'exécutions extrajudiciaires... par les forces d'occupation marocaines. La mission s'est effectuée sous haute surveillance. Une importante présence policière et militaire au Sahara occidental et de «nombreux cas de brutalités policières» contre des manifestants pacifiques ont été signalés par les membres de la délégation de la fondation américaine qui ont dénoncé un «climat de peur». La pratique de la torture au Maroc et dans les territoires occupés du Sahara occidental n'est pas une vue de l'esprit. La preuve: les six militants marocains du Mouvement du 20 février condamnés le 12 septembre 2012 à des peines de prison ferme allant de 8 à 10 mois seraient passés aux aveux sous la torture, avait rapporté Human Rights Watch. «Le tribunal a envoyé des manifestants en prison sur la base de confessions qui pourraient avoir été obtenues sous la torture, tout en refusant de convoquer les plaignants pour s'exprimer devant le tribunal», avait déploré Eric Goldstein, directeur adjoint de la division Moyen-Orient et Afrique du Nord à HRW. Leur témoignage recueilli par l'Organisation américaine ne laissent aucun doute sur ce terrible moyen pour extorquer des aveux. «Un des accusés, Tarek Rouchdi, 29 ans, a déclaré, qu'au poste, les agents l'avaient déshabillé et lui avaient inséré des doigts dans l'anus». Un autre, Youssef Oubella, 23 ans, a déclaré que «les policiers lui avaient arraché les cils, l'avaient déshabillé et lui avaient inséré des doigts dans l'anus». Samir Bradli, 34 ans, a déclaré «qu'ils l'avaient battu et lui avaient arraché les cils», a mentionné le rapport de HWR. Le Makhzen est dos au mur. Jusqu'à quand continuera, t-il à se voiler la face?