Telle que présentée, la capture de l'homme le plus recherché par les Etats-Unis, avec Oussama Ben Laden, laisse beaucoup de zones d'ombre. Le président déchu Saddam Hussein a été capturé dimanche à l'aube «alors qu'il dormait dans une maison de Tikrit, sa ville natale au nord de Bagdad», a déclaré Mahmoud Osmane, membre kurde du conseil de gouvernement. «Mesdames et messieurs, nous l'avons eu», a lancé hier, l'administrateur civil américain Paul Bremer, lors d'une conférence de presse à Bagdad. Le «criminel» Saddam Hussein a été arrêté et son identité confirmée par un test ADN, a dit le président du conseil du gouvernement provisoire irakien Abdel Aziz al-Haki. Le président irakien Saddam Hussein a été capturé «sans résistance» a noté Ahmed Chalabi, membre du conseil du gouvernement transitoire irakien. Aucune précision n'a été donnée sur les circonstances qui ont présidé à l'opération. Elle appelle, par contre, beaucoup de questions. Il est connu qu'un président, de surcroît un dictateur, même déchu jouit d'une garde rapprochée. Or, il semble que cette dernière soit complètement effacée pour offrir tout simplement le dictateur dans sa cachette à Tikrit pour la coalition. Est-il concevable pour un homme qui affirmait, il y a des mois «nous allons mourir en héros les armes à la main» de se faire cueillir dans «son sommeil» après neuf mois de cavale? Encore une fois, la trahison semble avoir sévi et l'hypothèse que Saddam Hussein ait été donné reste fortement plausible. Pourchassé depuis la chute de son régime en avril 2003, la tête de Saddam, a été mise à prix par les Américains à 25 millions de dollars. De la même manière, par la trahison, l'armée américaine a réussi à tuer les deux fils de Saddam, Oudaï et Qoussaï, le 22 juillet lors d'un raid à Mossoul, dans le nord de l'Irak. La 1re brigade de combat de la 4e division d'infanterie a pris position dans la région de Tikrit, moins d'une heure et demie après qu'un renseignement soit parvenu au commandement sur la localisation de Saddam. Aucune précision n'a été donnée sur le renseignement en question ni auprès de qui il a été obtenu. Selon un autre responsable du Pentagone, des interrogatoires d'Irakiens arrêtés récemment dans la région ont contribué à localiser l'ancien chef d'Etat. «C'était du renseignement utilisable, qui a été exploité par des experts.» De toute évidence, les Américains ont pris le temps de vérifier l'information avant de se lancer dans l'opération. Mais les moyens déployés, pour la capture d'un seul homme, sans qu'un seul coup de feu ne soit tiré, supposent que des procédés très perfectionnés aient été utilisés. L'action de gaz paralysants serait en effet, très probable. Les 600 hommes de la 4e division d'infanterie appuyés par les forces spéciales kurdes de l'Union patriotique du Kurdistan (UPK) n'auraient fait que boucler le périmètre avant de cueillir l'ancien dictateur à l'issue d'une des plus importantes chasses à l'homme de l'histoire.