Les Pest sont actuellement en effervescence. Dix-sept de leurs collègues, dont M.Mériane Méziane le coordinateur national du Cnapest, sont encore sous la mesure de suspension. Dans le cas de M. Mériane, les choses semblent avoir évolué dans le sens de la provocation. C'est comme si on voulait absolument faire sortir de ses gonds cet homme calme, pondéré et d'une sagesse exemplaire. Certes, et les Pest se disent «ne pas être dupes», M.Mériane est visé parce que ses collègues à travers le territoire national lui ont fait confiance. Pour beaucoup, ce n'est pas tant la personne qui est ciblée, mais le premier responsable d'un syndicat autonome qui a réussi à tenir la dragée haute, aussi bien à sa tutelle qu'au gouvernement. Tout commence le 13 octobre dernier, M.Mériane, professeur de mathématiques au lycée Amirouche de Tizi Ouzou reçoit une décision provisoire de suspension de 60 jours, en attendant sa comparution devant le conseil de discipline. Le 29 novembre, un avis de radiation des effectifs lui parvient au même titre que tous les grévistes. Un avis qu'il ne comprend pas car la première mesure n'était pas levée. Le 30 novembre, c'est un avis de radiation pour abandon de poste, alors qu'il était toujours sous le coup de la mesure de suspension, qui lui avait été adressé par la direction de l'éducation. Le 2 décembre, il est officiellement déchargé de son poste de professeur principal. Le 7 décembre, le ministre de l'Education adresse à toutes les directions de l'éducation sa décision de lever des sanctions et de l'arrêt des poursuites judiciaires. Le 13 décembre, soixante jours francs après la première décision de suspension, M.Mériane, qui n'a jamais été entendu par un conseil de discipline, pense que la décision est annulée d'office. Et comme on ne peut légalement le considérer comme gréviste et encore moins en abandon de poste, M. Mériane rejoint son lycée, pensant que «la période de suspension» est achevée. C'est là que la direction du lycée lui fait part de l'impossibilité de lui confier des classes. M.Mériane réplique que n'ayant jamais reçu de décision officielle, il ne tient aucun compte des remarques verbales. Le professeur se dirige donc vers ses classes et assure normalement ses cours. Alertée, la direction de l'éducation fait dépêcher sur les lieux, la police qui n'a pas jugé utile d'expulser l'enseignant, considéré par la direction de l'éducation comme personne étrangère à l'établissement. Le lendemain, 14 décembre, M.Mériane reçoit un écrit du proviseur lui interdisant l'accès de l'établissement. Aussi, muni de toute une documentation en rapport avec cette «fameuse» affaire, le professeur prend attache avec le président de l'APW et informe officiellement le syndicat. Le Cnapest, qui compte 17 Pest toujours suspendus au niveau national, a réagi en décrétant une grève pour le mardi 16 décembre. Le bureau national du syndicat tente de réagir avec calme, mais les collègues de M.Mériane, au niveau de la wilaya veulent et peuvent réagir brutalement. L'effervescence est à son comble. Le bureau de wilaya du Cnapest conseille la mesure et attend de voir l'évolution de la situation. En attendant la grève de ce mardi, Tizi Ouzou la double d'un sit-in devant la direction de l'éducation. La grosse question est de savoir qui est derrière ces «actions» qui risquent de rallumer un brasier mal éteint?