Le mois de décembre est généralement le mois des bilans et des éphémérides. La présence du vice-président de la Banque mondiale pour la région du Moyen-Orient et Afrique du Nord (Mena) aux côtés de M.Abdelatif Benachenhou, ministre des Finances, vient nous rappeler que le mois de décembre est généralement le mois des bilans et des éphémérides. Dans le domaine économique et financier plus que partout ailleurs, puisque c'est l'économique qui détermine en dernière instance tous les autres secteurs. Néanmoins, dans les relations en dents de scie de l'Algérie avec la Banque mondiale, qui n'a pas toujours été à nos côtés, surtout durant les décennies quatre-vingts et quatre-vingt-dix, que certains désignent par le raccourci de décennies noire et rouge, le meilleur est sans doute encore à venir, avec l'entrée en application du CAS (country assistance strategy, signé en mai 2003 ) pour la période 2004-2006. L'argument avancé par les responsables de la Banque mondiale pour expliquer leur peu d'intérêt passé pour l'Algérie réside dans le fait que notre pays n'a pas besoin de financement, mais plutôt de conseils techniques. Ce qui n'est pas toujours vrai, puisque des opérateurs algériens qui ont présenté des projets intéressants ont été déboutés par la Banque mondiale ou par ses filiales, alors que des projets moins bien ficelés émanant d'autres pays sont avalisés et inscrits sur les tablettes de la BM. Puisque M.Christian J.Poortman était là, et puisque aussi les conseilleurs ne sont pas les payeurs, les journalistes algériens ne se sont pas gênés pour poser des questions sur ce qu'est la bonne gouvernance version Banque mondiale. Ce à quoi il leur fut répondu que la bonne gouvernance se définit par l'art de gérer un pays pour obtenir un développement économique, social et institutionnel soutenu. Appliqué à l'Algérie, qui n'arrive décidément pas réussir son entrée dans l'économie de marché - que certains confondent allègrement avec économie de bazar et marché parallèle - la bonne gouvernance concerne le retour à la stabilité après deux décennies de turbulences, la promotion des secteurs hors hydrocarbures, l'émergence d'un secteur privé performant dans la PME et les services de base, l'instauration d'un cadre à même d'attirer les investissements directs étrangers, l'amélioration de l'environnement de l'entreprise et d'un climat pour un investissement, un meilleur rendement des banques et de l'administration. Ce sont tous ces bons conseils que les responsables et les opérateurs économiques algériens devraient méditer, surtout en cette période électorale, pendant laquelle, comme partout dans le monde, on a plutôt tendance à desserrer les cordons de la bourse et à dépenser plus. L'idée maîtresse qu'on peut tirer de ce cours fait par la Banque mondiale, c'est que la bonne gouvernance a un coût. Eh oui ! et un impact sur le PIB de la région, qui enregistre une érosion de 1% par an depuis 18 ans. Malgré donc les énormes réserves d'hydrocarbures, la région Moyen - Orient Afrique du Nord (Mena) gère mal ses ressources en pétrole et en gaz, ne réussit pas son décollage économique et n'assure pas une croissance soutenue ni un niveau de vie décent à sa population. Il s'agit, si l'on souhaite inverser la tendance, de redynamiser les réformes structurelles qui ont été mises sous le boisseau depuis le début de l'année 2003, alors qu'on en avait fait tout un plat depuis 1999.