Une bombe a explosé hier dans un local appartenant au Conseil suprême chiite, faisant un mort. Il n'y a pas eu de ralentissement des attentats en Irak après l'arrestation de l'ancien président Saddam Hussein. En revanche, une certaine recrudescence des opérations de la guérilla, contre des objectifs irakiens en particulier, a été observée lors des trois derniers jours. Hier, c'est une bombe qui a explosé à 5 h (heure locale, 2 h GMT), dans le quartier Al Jihad à l'ouest de Bagdad, dans un local du Conseil suprême de la révolution islamique en Irak (Csrii) mis à la disposition des pauvres et des nécessiteux. Une femme a été tuée et huit autres personnes sont plus ou moins gravement blessées. Dans la même journée d'hier, un imam, cheikh Oussama Al-Fawadi, a été assassiné par des inconnus dans une mosquée chiite, située dans un autre quartier de l'ouest de Bagdad, Al Ghazalieh, selon un milicien du Csrii. La semaine dernière, une bombe a détruit une mosquée sunnite à Bagdad occasionnant la mort de quatre personnes. Cette répétition des attaques contre des personnalités religieuses et contre des lieux de culte, chiite et sunnite, commence à inquiéter sérieusement les communautés irakiennes. Dans son prêche d'hier, un imam chiite, cheikh Hussein Al-Moayed, a, dans son sermon du vendredi, averti contre le renouvellement de telles actions, indiquant: «Nous sommes tous, chiites et sunnites, dans le même bateau. Si nous coulons, nous coulerons ensemble», appelant les Irakiens à «s'opposer aux complots visant à provoquer une sédition confessionnelle». Pour l'un des responsables du mouvement chiite, Mohsen Al-Hakim, neveu du chef du Csrii, Abdel Aziz Al-Hakim, «les agents de l'ancien régime et des terroristes » sont, selon lui, derrière ces attentats, affirmant «Ce n'est pas la première fois que nos bureaux et nos responsables sont victimes d'attaques de ce genre, qui nous visent pour nous affaiblir et nous éloigner de la scène irakienne». De fait, la situation sécuritaire en Irak demeure préoccupante, quand, parallèlement au harcèlement des troupes de la coalition, les attentats visent de plus en plus les Irakiens, notamment les services de sécurité. Ainsi, selon un haut responsable de la police irakienne, le général Sami Al-Waïli, 260 policiers ont été tués au cours des mois de novembre et de décembre, indiquant dans une déclaration à la télévision irakienne, gérée par la coalition américano-britannique: «Nous rendons un hommage particulier aux 260 policiers qui sont tombés en martyrs dans les attentats contre des postes de police et différentes autres attaques à Bagdad et dans d'autres régions d'Irak.» Neuf postes de police ont été visés lors des deux derniers mois par des attaques à la voiture piégée, rappelle-t-on. Dans ce contexte sécuritaire difficile, Washington va renforcer ses unités opérationnelles par l'envoi d'une nouvelle division, comme l'a annoncé, jeudi, le secrétaire américain à la Défense, Donald Rumsfeld, qui donna le feu vert au déploiement, en Irak, de la 82e division aéroportée. Selon des responsables militaires américains, le programme de rotation des troupes allait «renforcer les capacités (des forces américaines) durant la période de transition». Sur un autre plan, celui du sort judiciaire de Saddam Hussein, le Conseil transitoire irakien prend les devants en rejetant catégoriquement les appels pour un procès à l'étranger, par un tribunal international, de l'ancien président irakien, indiquait hier le ministre de la Justice du Conseil transitoire, Hachem Al-Chibli, lequel a indiqué dans une déclaration télévisée: «Nous rejetons les demandes de faire juger l'ancien président par un tribunal international et nous soulignons qu'il est nécessaire de le juger en Irak.» De son côté, Hamid Al-Kifaï, porte-parole du Conseil transitoire après avoir noté que Saddam Hussein «était toujours soumis à des interrogatoires de la part des Américains», affirme: «Le procès sera public. Nous voulons qu'il dévoile tout ce qui s'est passé», argumentant: «Saddam Hussein a commis des crimes à l'encontre du peuple irakien, il a tué trois millions d'Irakiens et a poussé à l'exode deux millions d'autres». Relevons enfin le fait que l'affaire des ADM irakiennes (armes de destruction massive) prend de plus en plus les allures d'un pétard mouillé. De 1400 experts de l'ISG (Iraq Survey Group) qu'ils étaient au début de l'occupation de l'Irak, en avril dernier, lâchés à la recherche des armes de destruction massive irakiennes, ils ne sont plus aujourd'hui que 40 sur le terrain selon le quotidien britannique The Independent d'hier. Après avoir expliqué le pourquoi de la présence des ces spécialistes, censés rechercher les armes chimiques, biologiques et nucléaires que détiendrait Saddam Hussein, le quotidien anglais, qui ne cite pas ses source affirme: «Mais le nombre de membres de l'ISG sur le terrain est en fait moindre, avec seulement deux équipes de 20 personnes au maximum.» En fait, la fable des armes de destruction massive de l'Irak, principal motif de la guerre imposée au peuple irakien, ne persuade plus personne, seuls Bush, et son compère Blair tiennent obstinément à des ADM dont, quoique maîtres de l'Irak, ils n'arrivent toujours pas à en trouver trace.