Malgré les progrès enregistrés lors des dernières élections et une loi, la politique reste un domaine réservé aux hommes. Les visages des 400 femmes que comptent les listes des 21 partis politiques et les six listes indépendantes en lice pour les 34 communes et l'Assemblée populaire de la wilaya de Bordj Bou Arréridj sont absents dans l'affichage, seul le FLN a «osé» montrer le visage de ses candidates pour la commune du chef-lieu de la wilaya. Sinon, toutes les autres affiches n'exposent que les visages des candidats, prouvant fort bien que la femme, quel que soit son niveau intellectuel ou social n'a pas encore, dans la société algérienne, un rang lui ouvrant des postes de responsabilité dans les Assemblées populaires. Pis encore, dans les affiches du FLN, les femmes n'ont pas un classement comme les candidats où l'on note nettement la position de chaque candidat en fonction de sa tribu ou du nombre d'électeurs de sa région natale. Bien qu'imposées par la loi, les femmes dans la wilaya de Bordj Bou Arréridj n'auront probablement jamais le privilège d'être des têtes de listes des partis politiques pour les communes ou l'Assemblée populaire de la wilaya et encore moins pour l'Assemblée populaire nationale. «Que voulez vous qu'on fasse face à un parti politique qui refuse de s'ouvrir aux femmes, surtout face à une société qui reste encore tributaire de la tribu et de la famille et toute formation politique est obligée de composer avec la réalité et le caractère social de la wilaya de Bordj Bou Arréridj?» s'interroge Mme T. N., candidate FLN, elle-même mère de famille, universitaire et qui, selon elle, a dù demander l'autorisation de toute sa famille et de celle de son mari pour que l'on puisse afficher sa photo. Dans les communes, il n'est pas question que les noms et prénoms des femmes ou leur photo soient affichés, par une formation politique si elle veut attirer les électeurs. «Nous avons dû négocier âprement et payer jusqu'à 30.000 DA la candidate pour trouver les 30% de femmes imposés par la loi électorale dans toute liste et à condition que leurs noms, prénoms ou photos ne soient pas exposés» a indiqué un candidat indépendant, tête de liste pour une petitecommune du nord de la wilaya de Bordj Bou Arréridj. La seule consolation pour les femmes candidates dans cette campagne, exclusivement masculine, reste la visite dans les demeures, notamment dans les zones rurales. Pour le reste, les candidates sont absentes dans cette campagne électorale, preuve donc établie que la politique, malgré les progrès enregistrés lors des dernières élections et une loi, reste un domaine réservé aux hommes et ce ne sont pas les 30% qui pourraient ouvrir la voie aux femmes des wilayas enclavées de devenir un jour présidente, d'une commune ou d'une Assemblée populaire de wilaya. Selon plusieurs dirigeants locaux des partis en lice «la loi imposant la participation féminine dans les élections a été dure à appliquer principalement dans les zones rurales et montagneuses et des partis d'envergure comme le PT, le FFS, le FNA, le RCD, les partis islamistes réunis (l'Alliance verte) et bien d'autres formations politiques ayant un ancrage dans la wilaya de Bordj Bou Arréridj ont dù abandonner dans plusieurs communes de la wilaya des Bibans». Une chose est certaine aussi, les femmes ne se sont pas précipitées pour figurer sur les listes, certaines ont négocié financièrement leur participation et si l'on croit les responsables des partis, jamais les femmes n'ont exigé de figurer en bonne position sur les listes. Il a fallu, dans les régions enclavées, les dénicher d'abord et ensuite les convaincre, elles et leurs familles. Leur avenir politique dépendra du bilan de leur activité dans les futures assemblées élues.