Le timing de l'annonce de grève qui intervient à la veille des élections locales, soulève des interrogations. Elle est de retour! La crise du lait pointe de nouveau le bout de son nez. La raison? Un préavis de grève lancé pour le 5 décembre prochain par les employés du plus grand producteur de lait en Algérie, le groupe Giplait. «La coordination nationale des syndicats du groupe public Giplait a lancé, mardi 20 novembre, un préavis de grève de 5 jours et cela à partir du 5 décembre prochain», nous a annoncé le secrétaire général de la coordination nationale des syndicats du groupe public Giplait, Bouzitouna El Aïd, joint hier par téléphone. M.Bouzitouna nous a fait savoir que la coordination de syndicats, affiliée à l'Ugta, réclame en outre l'augmentation des salaires des travailleurs de tout le groupe Giplait, le droit d'être représentée au conseil d'administration. Elle exige également la réintégration des travailleurs licenciés des Arribs (une filiale de Giplait). Pour ce qui est de ces derniers, il est révélé, par la même source, qu'ils «détiennent une décision définitive de justice en leur faveur». Il a également souligné le fait que pour le moment, aucune réaction n'a été enregistrée par l'administration. Si cette grève se concrétise, cela serait incontestablement le retour de la crise du lait dans le pays car le groupe Giplait est le plus grand producteur de lait en Algérie. Avec ses 16 filiales, le groupe a une capacité de production de 1,4 milliard de litres par an. Sa production journalière est estimée à près de 3 millions de litres par jour. Les besoins en lait de la capitale sont presque entièrement couverts par sa filiale Colaital. Celle-ci produit à elle seule, près de 70% de lait consommé au niveau de la capitale, soit une production de 550.000 litres par jour. Le retour de la pénurie du lait serait un nouveau coup dur infligé aux ménages qui sont déjà confrontés à la cherté de la vie. Cela provoquerait ainsi leur colère, ce qui pourrait mettre le feu au... lait. Néanmoins, le timing de cette grève fait planer des interrogations. Cette grève sera lancée au lendemain du déroulement des élections locales, le 5 décembre. Les citoyens qui se présenteront 6 jours avant aux urnes seront incontestablement en colère de voir les premiers résultats de leurs votes se traduire en... pénurie. Qui veut donc allumer la mèche à la veille de ces élections? Surtout quand on voit que ce n'est pas la première fois que la nourriture est utilisée pour provoquer la colère des citoyens. Cet été, qui a suivi les élections législatives, avait été marqué par une série de pénuries dont celle du lait. On se souvient aussi de la «crise» alimentaire qui avait provoqué en janvier 2011 des émeutes qui ont failli emporter le pays à savoir celle du «sucre et de l'huile». Le «pain» du citoyen est donc souvent utilisé pour provoquer sa colère! Le lait risque ainsi d'être la goutte qui va faire déborder le vase d'un pays qui est sur une poudrière. Vu qu'en plus de cette pénurie, les Algériens sont privés de transport avec la grève de l'Etusa (Société nationale de transport urbain et suburbain à Alger) qui dure depuis plus de 12 jours. Il est également confronté à ce qui est devenu une habitude, à savoir la flambée des prix des produits alimentaires, tous genres confondus. Tous ces ingrédients sont ceux d'une explosion sociale à la veille d'élections locales. Il ne manquait plus que le lait pour que la recette soit terminée... Reste maintenant à savoir qui l'a mijotée?