Le citoyen n'est plus le centre d'intérêt de ces «despotes» dans cette wilaya. Décidément, seuls les slogans et les promesses semblent, de plus en plus, focaliser l'attention des Algériens dont le système a, des décennies durant, voulu faire des clones agités autour d'une pensée à la fois unique et eunuque. A Tiaret, cette stratégie conduit virtuellement à la maladie sociale caractérisée par l'appropriation des institutions de l'Etat par tel ou tel cla émergeant d'une telle «capilotade» ayant pour devise la magouille afin de s'enrichir illégalement dans l'opacité totale et l'impunité. Et il est facile de constater, jusqu'à preuve du contraire, que bon nombre des assemblées élues se démarquent par des crises internes successives sur lesquelles les instances compétentes continuent à faire la sourde oreille. Des maires fortement vilipendés par leurs pairs s'accrochent toujours au fauteuil et continuent à exercer leur autorité dans une indifférence teintée d'un «dez maâhoum» sans couleur. Comme exemple vivant, la commune de Hammadia où la population, après une manifestation calmée de justesse, le 15 décembre dernier, est aujourd'hui montée à une autre forme de revendication en demandant le départ pur et simple du chef de daïra qu'elle accuse d'avoir soutenu le P/APC contesté dans sa gestion lamentable. En effet, ce dernier demeure toujours aux commandes malgré le retrait de confiance qui lui avait été signifié le 8 septembre et réitéré, par cinq membres sur les neuf que compte l'assemblée, ce jeudi. Concernant la commune du chef-lieu de wilaya, 17 membres sur 23 ont agi de la même manière sans que la moindre décision ne se fasse sentir. Toutefois, d'autres communes ont fait ou font les frais d'un climat similaire à l'image de Sougueur, Rechaïgha, Mellakou... etc. Ce faisant, le citoyen n'est plus le centre d'intérêt de ces «despotes» dans cette wilaya fragilisée par une série de paradoxes où l'esprit de solidarité n'a pourtant cessé d'être galvanisé à telle enseigne que la population avait fini par croire à une sortie des ténèbres de l'autoritarisme aveugle et irresponsable. Une triste réalité, somme toute, qui encourage, à n'en point douter, le développement extraordinaire de la misère et des fléaux sociaux sous toutes leurs formes, polluant ainsi, le climat socioéconomique qui est réduit à une situation dévastatrice et dégradante. En dépit de toutes ces inquiétudes, les responsables cités ne lésinent pas à consentir des sommes colossales, quand il s'agit de rafistoler des édifices et les boulevards principaux à la veille d'une visite officielle d'un ministre ou du chef d'Etat. Cette même population est prise à témoin aujourd'hui, à la veille de la visite de Bouteflika à Tiaret, de ce scénario qui consiste à embellir les villes et villages que traversera le cortège présidentiel, des opérations «trompe-l'oeil» dont le pécule aurait pu servir à protéger contre le froid et à nourrir ces SDF, condamnés à subsister, l'âme brisée, dans un corps de mort-vivant, chloroformés par une politique mensongère et démagogique, ne sachant plus à quel saint se vouer dans ce pays où les enjeux réels dépassent de loin les simples questions de pouvoir. Mais il est évident que rien de mieux ne peut se faire dans la culture de l'indifférence, de la haine et de la fragmentation sociale. Mieux encore, et tout compte fait, les institutions mises en place ne sont finalement que de simples paravents et des courroies de transmission entre ces actions scélérates qui poussent de plus en plus au pourrissement chronique politique et socioéconomique de la société prise en otage par les suceurs de sang et leurs acolytes. Néanmoins, pas plus que l'arbre qui cache la forêt, l'hypertrophie démesurée de la question électoraliste qui ne profite qu'à ces têtes bien distinctes ne doit asphyxier ses conséquences et mobiles essentiels de la crise. En effet, depuis l'évincement de Benflis du gouvernement et la déclaration masquée de Bouteflika pour la candidature à la prochaine présidentielle, les élus locaux se sont beaucoup plus érigés en «propagandistes» qu'en responsables tenus de s'occuper des aspirations de ces citoyens qui les ont propulsés aux commandes. Et là où le bat blesse, est que ceux qui avaient habillé Ali Benflis d'un burnous «made in local» non sans se chamailler quant à la constitution du comité d'accueil, lors de ses visites dans cette wilaya en sa qualité de Chef de gouvernement et secrétaire général du FLN, sont actuellement ceux qui tentent de lui faire porter le chapeau de la crise en se constituant en comités de soutien au président candidat pour l'échéance de 2004. Nonobstant, le mal n'est pas seulement à ce niveau puisque ces mêmes personnes sont, candidats ou fans, entrées depuis quelques semaines, en compétition pour les sénatoriales mettant ainsi leur devoir d'élus au tiroir.